Agropur mise sur une fenestration abondante pour laisser entrer la lumière naturelle.
L'évolution vers les espaces de travail plus ouverts et collaboratifs constitue une tendance de fond pour les entreprises québécoises. Parmi celles-ci se trouve Deloitte. Le caractère très novateur de sa tour a été largement souligné lors de son ouverture en juillet 2015, au centre-ville de Montréal. Près de deux ans après s'être installée dans ses nouveaux locaux, la firme comptable dresse un bilan positif de son passage d'un environnement cloisonné à des bureaux aérés où aucun poste de travail n'est attitré. Les employés peuvent choisir, au gré de leurs envies, parmi 18 bureaux, certains permettant de travailler debout, voire en marchant.
«Ce changement de bureaux, mais aussi de culture organisationnelle, a véritablement permis de briser des barrières hiérarchiques et d'instaurer une plus grande collaboration, car les gens se rencontrent plus souvent au cours de la journée, affirme Marc Perron, associé directeur pour le Québec chez Deloitte. On constate que les personnes se sentent plus à l'aise pour donner leur point de vue durant les réunions.»
Marc Perron lui-même n'a plus de bureau individuel. Et il estime avoir largement gagné en productivité. «Avant, les employés qui voulaient me voir prenaient des rendez-vous de 15 minutes auprès de mon adjointe, explique-t-il. Aujourd'hui, je me promène beaucoup et, quand je croise les gens, je peux leur demander comment avance leur projet ou leur suggérer de parler à telle personne s'ils ont des difficultés. C'est plus efficace de pouvoir régler ainsi les problèmes sur-le-champ.»
Moins de télétravail, plus de rétention
Les locaux sans bureaux assignés sont loin d'avoir encouragé les salariés à opter pour le télétravail. «La plupart de ceux qui travaillaient chez le client du lundi au jeudi restaient chez eux le vendredi, dit Marc Perron. Maintenant, ils préfèrent venir ici, car ils savent qu'ils vont voir leurs collègues.» La nouvelle tour Deloitte a également permis à l'entreprise d'améliorer son attractivité puisque 90 % des offres d'emploi sont désormais acceptées, contre 60 % par le passé. Le taux de rétention, lui, a augmenté de 10 % entre 2015 et 2016.
Le siège social d’Agropur, à Saint-Hubert, est entouré d’un boisé.
Même son de cloche chez Agropur, qui a regroupé ses 1 000 travailleurs, auparavant répartis sur cinq sites, au sein d'un siège social de 220 000 pi2 à Saint-Hubert. Entouré d'un boisé, le bâtiment, inauguré en juillet dernier, joue sur la transparence grâce à une fenestration abondante. «On reçoit 25 ou 30 % de CV de plus», se félicite Michael Simoneau, vice-président aux services administratifs. Alors que 80 % des bureaux étaient fermés dans les anciens locaux, ils sont désormais ouverts dans les mêmes proportions. Chacun dispose de son poste de travail, mais l'espace est ponctué de zones de collaboration afin d'encourager les rencontres informelles.
Davantage d'échanges informels
Le fait que 8 employés sur 10 possèdent un ordinateur portable, contre 30 % il y a trois ans, leur permet de se déplacer facilement dans les différentes zones. L'accent a été mis sur la technologie afin notamment de permettre le partage facile du contenu des ordinateurs portables sur les écrans des salles de réunion.
«C'est beaucoup plus simple de regrouper quelques personnes autour d'une même table en cinq minutes, indique celui qui est allé, avec des collègues, visiter les bureaux de Microsoft à Seattle ou encore de Google à Montréal pour y puiser de l'inspiration. Au final, nous avons gagné en agilité, que ce soit dans la prise de décision ou dans la livraison des projets.»
La coopérative laitière a aussi fait de sa cafétéria un espace de travail à part entière. «On l'a aménagée comme une salle à manger, avec des boiseries et une ambiance de style Starbucks», précise Michael Simoneau. Chaque matin, le lieu est occupé par une cinquantaine de personnes, qui donnent rendez-vous à des collègues pour des 7 à 8 de travail. Résultat, à 8 h 30, certains ont déjà participé à deux réunions, en plus d'avoir avalé leur déjeuner.
Tous les matins, les employés peuvent aussi y croiser au moins un dirigeant, affirme Michael Simoneau. «On tient à ce que la haute direction montre l'exemple pour que les gens se sentent à l'aise de venir à la cafétéria avec leur ordinateur portable et pour contrer l'idée que travailler implique nécessairement d'être physiquement à son bureau.»