Certaines fondations offrent une série de formations, d’ateliers et d’activités de réseautage qui vise à permettre aux organismes d’apprendre, de se développer et de partager leurs savoirs et leurs expériences entre elles. [Photos : 123RF]
Le renforcement des capacités (capacity building) n'est pas un concept nouveau en philanthropie, mais il promet de devenir un enjeu de plus en plus important pour les organismes à but non lucratif (OBNL). Faire des dons ou offrir de la formation pour soutenir les opérations, plutôt que les programmes, aide ultimement les OBNL à mieux remplir leur mission et à croître de façon stratégique.
Traditionnellement, dans le monde de la philanthropie, les donateurs offrent de l'argent aux OBNL pour soutenir un programme ou un projet. Le don est toutefois souvent conditionnel à ce que l'organisme ne dépense pas plus qu'une certaine fraction de ce montant en charges administratives, disons 10 % ou 12 %. «Le problème, c'est que l'on se rend bien compte au fil des ans que c'est insuffisant. Pour faire avancer un organisme, il faut payer des salaires, un toit, de l'électricité», explique Kim Fuller, spécialiste en marketing pour les organismes à but non lucratif chez Phil Communications.
Comme les entreprises, les OBNL doivent également investir dans leur bonne gouvernance et dans la formation de leurs employés, le raisonnement étant que si le personnel ou le directeur général n'a pas les bonnes compétences, l'argent risque d'être moins bien investi, et donc de faire moins de chemin.
D'où l'importance du renforcement des capacités, surtout à une époque où le rythme du changement s'accélère. Les exigences de transparence et de reddition de compte, par exemple, sont toujours plus strictes, ce qui alourdit la charge de travail et demande plus de connaissances et de compétences. Demander aux organismes d'y arriver en ne consacrant pas plus que 10 % ou 12 % de leur budget aux tâches administratives n'est donc pas réaliste, juge Mme Fuller. «Plusieurs fondations désirent que les OBNL améliorent leurs opérations, mais qu'elles ne le fassent pas avec leur argent à elles, dit-elle. Sauf que l'argent ne tombe pas du ciel. Les organismes ont besoin plus que jamais du renforcement des capacités.»
Un problème mieux reconnu
Le renforcement des capacités peut prendre plusieurs formes et viser différents objectifs. Certaines fondations font, par exemple, des dons pour permettre à un organisme de refaire son logo, de développer un nouveau processus ou de mettre en place une nouvelle formule d'évaluation. D'autres offrent un accompagnement et de la formation pour aider les OBNL à mieux vivre dans le monde numérique, comme des cours sur les réseaux sociaux, ou des cours visant à leur enseigner comment améliorer leurs outils de communication web ou comment intégrer à leur site web une plateforme de transaction pour accepter les dons en ligne.
Les fondations McConnell et J. Armand Bombardier sont reconnues dans le domaine du renforcement des capacités.
Ode Belzile, la directrice des activités philanthropiques à la Fondation J. Armand Bombardier, reconnaît que les OBNL, surtout ceux de petite ou de moyenne taille, ont peu de ressources à allouer à la formation. «De plus en plus de fondations commencent à le reconnaître et à donner leur soutien, dit-elle. C'est important pour les organismes d'arrêter d'éteindre des feux à l'interne et de parler aux autres, de continuer d'apprendre.»
Partage et accompagnement
C'est pourquoi, au-delà des dons qu'elle fait, la Fondation J. Armand Bombardier propose également son programme Philagora, qu'elle a lancé en 2011. Il s'agit d'une série de formations, d'ateliers, d'activités interactives, de conférences et d'activités de réseautage ouverts à tout le secteur sans but lucratif qui vise à permettre aux organismes d'apprendre, de se développer et de partager leurs savoirs et leurs expériences entre elles. Les thèmes et sujets abordés au cours des activités sont différents chaque année et dépendent des enjeux du moment et des intérêts des OBNL. Ils vont du financement à la gouvernance en passant par les innovations sociales et la reddition de compte.
De janvier à mai 2019, par exemple, les sujets abordés seront divers : l'Impact gaps canvas, un outil visant à cartographier le paysage d'un enjeu pour mieux trouver des pistes de solutions ; la commandite ; les ressources humaines et la diversité ; et le storytelling.
La Fondation J. Armand Bombardier propose aussi, depuis 2014, La Cohorte, une initiative qui consiste à organiser des rencontres entre une dizaine de directeurs généraux d'organismes dans le but de leur permettre d'échanger, de discuter et d'évacuer leur trop-plein dans le but d'apprendre et de s'inspirer les uns des autres.
Une initiative dont les retombées ont surpris ses organisateurs, admet Mme Belzile. «Nous avions sous-estimé l'isolement que vivent les directeurs généraux. Pouvoir discuter avec un groupe de pairs, dans un espace de confiance, leur a permis, de leurs propres aveux, et même de ceux de leur équipe, de générer de nouvelles idées et d'améliorer la posture de leur organisme.»
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