Au Québec, en 2022, le quart des jeunes de la DPJ en transition vers la vie adulte à la majorité a reçu l’aide de la Fondation. (Photo: 123RF)
PHILANTHROPIE. Il n’y a pas que la mission qui compte. Les organismes de bienfaisance gagnent aussi à suivre les principes de bonne gouvernance.
Peu d’organismes de bienfaisance ont connu une croissance soutenue dans les dernières années ; la Fondation des jeunes de la DPJ fait partie de ces spécimens rares. Les résultats de la campagne de fin d’année 2021 vendent la mèche. À cette occasion, un montant record de 830 000 $ a été amassé, notamment grâce à l’afflux de nouveaux donateurs (environ 6 sur 10 d’entre eux ont donné pour la première fois à la cause des jeunes en besoin de protection). La Fondation a d’ailleurs élargi sa mission il y a un an afin d’apporter une aide supplémentaire partout au Québec. Pour ce faire, elle compte dix salariés dans ses rangs, soit plus du triple des effectifs par rapport au début de 2020.
Vrai : le rapport de la commission Laurent et le dépôt d’un projet de loi — depuis adopté — qui fait primer l’intérêt de l’enfant ont sensibilisé la population québécoise à la réalité des jeunes de la DPJ. Cependant, le succès de l’ancienne Fondation du Centre jeunesse de Montréal s’explique aussi par une saine gouvernance. « Il s’agit avant tout d’une question de discipline. Nous travaillons avec des objectifs, un plan d’action, des budgets », énumère Yvon Roy, président du conseil d’administration de la Fondation des jeunes de la DPJ et premier directeur — Québec, de la Division du capital de risques et des technologies de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Ces réflexions d’ordre stratégique supposent une bonne communication en interne. « Il faut faire remonter la bonne information au conseil d’administration, notamment à partir des différents comités, affirme Fabienne Audette, directrice générale de la Fondation des jeunes de la DPJ. De la même manière, je dois tenir mon équipe permanente au fait de ce qui se brasse au sein du CA. » Le travail en vase clos est à proscrire. « L’ensemble de l’organisme devrait savoir en tout temps quelles sont les priorités du moment. Les trois à cinq mêmes devraient ressortir, peu importe à qui je le demande », illustre pour sa part Yvon Roy.
Exit la navigation à vue
Parmi les principaux risques financiers auxquels le milieu caritatif est confronté en cette fin de 2022 figure l’inflation. La hausse généralisée et continue des prix a comme conséquence d’affecter négativement le rendement des actifs investis sur les marchés. Résultat : une capacité moindre à remplir une mission au jour le jour. « La tolérance au risque des organismes sans but lucratif est faible. Ils doivent combler des besoins à court terme avec de l’argent qui ne leur appartient pas en propre, mais dont ils sont les fiduciaires », explique Daniel Lanteigne, consultant principal en philanthropie et directeur du développement des affaires pour le cabinet-conseil BNP Performance philanthropique.
L’expert recommande en ce sens de revoir sa politique d’investissement afin de l’actualiser à la lumière du contexte inflationniste actuel. Or, encore faut-il avoir un tel énoncé de principes sur lequel calquer sa ligne de conduite… « C’est la base ! » insiste celui qui conseille de garder un œil constant sur le budget annuel et de réaliser des exercices de planification stratégique à toutes les deux à trois années, maximum. « L’époque des planifications couvrant des horizons de cinq à sept ans est révolue. La preuve : tout ce qui avait été mis sur papier avant la pandémie est tombé à l’eau du jour au lendemain », précise Daniel Lanteigne.
La Fondation des jeunes de la DPJ a justement été confrontée à un tel scénario, elle qui avait mené un tel exercice un peu avant la crise sanitaire. Le départ subséquent d’un joueur important au sein de la direction aurait pu être fatal pour l’organisme lorsque la première vague de COVID-19 a déferlé. « Nous avons tout de même été capables de garder la tête hors de l’eau, puis de tourner la situation à notre avantage », raconte Fabienne Audette. « Nous mitigeons notre risque en multipliant les partenariats avec des organismes d’horizons divers à Montréal et à travers la province, indique Yvon Roy. Cela nous permet en quelque sorte de faire 1 +1=3. »
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Effets concrets
Le nombre de demandes d’aide adressées chaque année par les intervenants et auxquelles la Fondation des jeunes de la DPJ a répondu a doublé depuis 2019. Au Québec, en 2022, le quart des jeunes de la DPJ en transition vers la vie adulte à la majorité a reçu l’aide de la Fondation.