Éric Dufour, de Raymond Chabot Grant Thornton [Photo : Paul Cimon]
Qu'est-ce qui anime les firmes comptables ? Nous avons demandé à huit d'entre elles de préciser leur domaine prioritaire de croissance à court et moyen terme.
«Il faut préparer les transferts d'entreprises. Les besoins sont énormes. Aux firmes comptables de prendre leur place !» lance Éric Dufour, leader national en relève et continuité d'entreprises chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT).
Dans ce domaine, RCGT entend convaincre grâce à son «approche intégrée». La firme a mis en place une équipe de comptables pour l'évaluation et la maximisation de la valeur de l'entreprise, de spécialistes en ressources humaines pour l'affectation des candidats aux postes clés et de psychologues organisationnels pour faciliter le «travail de deuil» de l'entrepreneur.
Opportunités d'affaires
«Contrairement à ce qu'on pense, le Québec ne manque pas de releveurs en entreprises», affirme M. Dufour. Il est en train de mettre sur pied une «Banque d'opportunités d'affaires» (BOA) qui mettra en relation des entrepreneurs en processus de vente avec des professionnels et gestionnaires qui souhaitent participer au rachat.
Par exemple, un spécialiste en développement de marchés ou en ressources humaines pourrait disposer d'aussi peu que de 25 000 $ pour faire partie d'une équipe de relève . Une version régionale de la BOA existe depuis 2010 (Saguenay-Lac-Saint-Jean). «Nous voulons, en 2013, étendre cette formule au Québec.»
Pour sa part, Mallette (6e rang) s'apprête à lancer un «produit exhaustif» en matière de relève. «Ce produit facilitera le choix des repreneurs et l'évaluation d'entreprises. Nous en sommes à finaliser l'étape de marketing», dit Robert Fortier, associé directeur du bureau de Québec-Mauricie.
Chez Lemieux Nolet (15e rang), on joue la même partition. «Les rendements boursiers des dix dernières années ont été mauvais. Les entrepreneurs qui auraient pu vendre leur entreprise ont préféré la garder. Ils veulent cependant en maximiser la valeur pendant qu'il est encore temps», dit René Bégin, président et chef de la direction. L'évaluation d'entreprise et le conseil visant à en hausser la valeur prennent donc beaucoup d'importance.
Marchés mondialisés
«Les entreprises ont de moins en moins de chasses gardées. Le commerce électronique et le commerce international ont aboli la protection naturelle des frontières», constate Sylvain Vincent, associé directeur, Est du Canada chez Ernst & Young (4e rang). Historiquement, ajoute-t-il, les PME qui avaient un chiffre d'affaires de 15 à 20 millions de dollars ne s'adressaient pas aux Ernst & Young de ce monde. «Ce n'est plus le cas. Ces PME ont besoin de nos conseils afin de manoeuvrer dans le champ de mines de la mondialisation.»
Idem chez KPMG. «Une PME qui n'exporte pas pourrait quand même être menacée par des entreprises d'autres pays», constate Guy Langlois, associé responsable du groupe services-conseils. «La conception et l'exécution des stratégies de protection des marchés et de croissance sont essentielles.»
Tout sous un même toit
La «multidisciplinarité» est le maître mot de Guy LeBlanc, associé directeur chez PwC Montréal. «Il y a dix ans, nous favorisions une approche par service. Plus maintenant. Avec nos équipes multidisciplinaires, nous multiplions les chances de trouver des solutions innovatrices.»
Alain Côté, associé directeur de la région du Québec chez Deloitte, estime également que l'approche cloisonnée a fait son temps. «Les clients ne veulent pas faire affaire avec trois ou quatre différents spécialistes. Chaque besoin doit être comblé par une seule équipe.»
Richter a déployé, en 2012, une approche similaire, appelée «360 degrés». «Nous sommes présents dans le cycle de vie complet de l'entreprise», dit Yves Nadeau, associé responsable de la certification et des services-conseils en gestion des risques. «En étant multidisciplinaires, nous sommes devenus de véritables conseillers d'affaires».