Source : Baromètre industriel québécois 2017
Dans la plus récente édition du Baromètre industriel québécois de STIQ, un nouveau thème jette un éclairage inédit sur le secteur manufacturier, thème que nous pourrions appeler «l'effet innovation». «Nos résultats nous prouvent ce que nous percevions intuitivement», affirme Richard Blanchet, PDG de STIQ.
Au cours du sondage, on a demandé aux entreprises si, dans la dernière année, elles avaient innové dans un des quatre secteurs suivants: produits, procédés, méthodes et organisation, commercialisation. Les chiffres sont étonnants : 70 % des entreprises affirment avoir innové dans l'une des trois premières catégories et 40 % dans la quatrième.
Or, l'innovation s'avère un puissant moteur de développement, car «les entreprises qui innovent le plus sont celles qui investissent le plus en achat d'équipement, en R-D et en technologies de l'information, qui génèrent les croissances de revenus les plus fortes et qui embauchent le plus», fait ressortir M. Blanchet.
La dynamique d'innovation, juge M. Blanchet, peut contribuer à atténuer un des problèmes les plus éprouvants du secteur manufacturier : les carences de recrutement. Le Baromètre relève que «75 % des répondants considéraient le problème de recrutement de main-d'oeuvre spécialisée comme étant très ou assez important. [...] Par ailleurs, 47 % des entreprises disaient connaître un problème très ou assez important de rétention de leurs employés spécialisés en 2016.»
Ces difficultés persistent depuis des années et témoignent, selon M. Blanchet, du manque de considération que nos sociétés réservent depuis des décennies au secteur manufacturier. «Les gens pensent encore que l'usine est un lieu sale où les travailleurs tombent malades à 40 ans», dit M. Blanchet. À cause de ce préjugé éculé, il y a de moins en moins d'étudiants dans les programmes de formation professionnelle.
Pourtant, la réalité des usines est maintenant tout autre : elles sont propres, dynamiques, innovantes, technologiquement avancées. Et la demande ne cesse d'augmenter, de telle sorte que le taux de placement de certains programmes atteint 100 %. «Si les jeunes voient que le secteur manufacturier innove, exporte, embauche, ils vont s'y orienter», insiste M. Blanchet.
Les préjugés sont d'autant plus malvenus que le domaine manufacturier affiche un taux de chômage minimal, à trois points de pourcentage sous la moyenne québécoise : 4,6 % en 2015 comparé à 7,6 %. Et les salaires dépassent largement ce qu'on trouve chez McDonald's et dans les commerces de détail.
La réalité dément aussi le préjugé suivant lequel l'automatisation dans le secteur manufacturier va décimer les emplois. Au contraire, le Baromètre montre que les entreprises qui achètent le plus d'équipement automatisé sont celles qui embauchent le plus. Dans bien des cas, note M. Blanchet, «une des premières raisons pour acheter une machine automatisée tient au fait que l'entreprise ne trouvait pas de personnel. Ça brise un peu le mythe. Il y a de beaux jobs, de bons salaires, et les entreprises ont besoin de monde. Il faut casser les préjugés !»