Susie Rieder, porte-parole de BC Hydro, affirme que ses factures de chauffage ont diminué d’environ 40% depuis qu’elle a fait le changement vers une thermopompe. (Photo: La Presse Canadienne)
Alors que les prix de l’énergie grimpent en flèche et que les consommateurs cherchent des moyens d’économiser sur leurs factures de services publics, des experts soulignent que les Canadiens devraient se demander si l’installation d’une thermopompe pourrait faire partie de la solution.
Une thermopompe est un appareil électrique qui ressemble un peu à un climatiseur et peut être utilisée à la fois pour le chauffage et le refroidissement.
En hiver, une thermopompe à air extrait la chaleur de l’extérieur (il y a toujours de la chaleur dans l’air, même par temps froid) et la «pompe» à l’intérieur. En été, le cycle est inversé et la pompe à chaleur extrait la chaleur de l’air intérieure et la déplace vers l’extérieur.
Cette technologie, qui existe depuis longtemps, peut constituer une alternative écoénergétique à d’autres types de systèmes de chauffage domestique, comme une fournaise au gaz naturel ou des plinthes électriques.
Elle peut également éliminer le besoin d’un climatiseur conventionnel et réduire l’empreinte environnementale d’un foyer si elle remplace un appareil de chauffage qui utilise du gaz naturel, du propane ou du mazout.
«Les thermopompes sont formidables, car elles offrent un apport toute l’année, fournissant un rafraîchissement efficace en été et un chauffage en hiver», souligne Susie Rieder, porte-parole de BC Hydro, qui utilise une thermopompe dans sa propre maison à Burnaby, en Colombie-Britannique.
Mme Rieder, qui comptait sur des plinthes électriques avant d’acquérir une thermopompe, affirme que ses factures de chauffage ont diminué d’environ 40% depuis qu’elle a fait le changement. De plus, sa thermopompe élimine le besoin d’un système de climatisation distinct.
«Les étés deviennent plus chauds, note Mme Rieder. Particulièrement dans des endroits comme le Lower Mainland et l’île de Vancouver, on voit beaucoup de gens utiliser ces climatiseurs portatifs — qui peuvent être assez inefficaces et coûteux. L’installation d’une thermopompe peut donc être très utile là aussi.»
De nombreux services publics, comme BC Hydro, encouragent l’adoption de thermopompes comme moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et de nombreux propriétaires qui ont fait le changement assurent qu’ils ne reviendraient jamais en arrière.
Mais en général, l’adoption de ces appareils au Canada a été lente. Selon Ressources naturelles Canada, il n’y a qu’environ 700 000 thermopompes à air installées au pays. En revanche, 35% des ménages canadiens, soit 5,1 millions de foyers, sont actuellement chauffés avec des appareils au gaz naturel.
Manque de connaissances
Un récent sondage de BC Hydro a mis en lumière un manque général de connaissances des propriétaires au sujet des thermopompes, près d’un quart des Britanno-Colombiens affirmant qu’il est peu probable qu’ils envisagent d’en installer une et 30% des répondants affirmant que la raison en est qu’ils n’en savent pas assez sur ces appareils.
Une partie du problème provient du fait que les versions précédentes des thermopompes n’étaient pas nécessairement compatibles avec le climat canadien. Étant donné que la capacité d’une thermopompe à extraire la chaleur de l’air diminue à mesure que la température baisse, disposer d’une source de chaleur de secours pour les hivers rigoureux était souvent une nécessité.
Cependant, cela a changé ces dernières années à mesure que la technologie des thermopompes a évolué. Geoff Sharman, directeur des produits résidentiels en système de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC), pour Mitsubishi Electric Canada, explique que certains types de thermopompes peuvent maintenant fonctionner à des températures aussi basses que -30 degrés Celsius.
Les consommateurs peuvent également choisir des thermopompes géothermiques, qui sont plus efficaces au Canada parce qu’elles profitent de températures du sol plus chaudes et plus stables, selon Ressources naturelles Canada.
«Le marché des thermopompes est en croissance, assure M. Sharman. Vraiment, les (thermopompes) peuvent maintenant fournir du chauffage à presque toutes les structures de taille au Canada. Et comme les prix du gaz naturel pourraient augmenter à l’avenir (…) une thermopompe peut être une bonne solution.»
De l’aide pour réduire le coût initial
Le coût initial d’une thermopompe peut être intimidant. Le coût moyen d’achat et d’installation d’un système est d’environ 7000 $ pour les petites maisons et d’environ 16 000 $ pour les grandes propriétés, selon BC Hydro. Les experts soulignent que le type et la taille exacts d’une thermopompe adéquate dépendront de la taille de la maison, du climat où l’on vit, de la qualité de l’isolation de la maison et d’autres facteurs.
De la même manière, le montant qu’on peut espérer économiser sur les factures d’énergie varie également en fonction du climat local, du type de système de chauffage/refroidissement utilisé précédemment et de la taille et du type de thermopompe acheté. Il existe de nombreux calculateurs en ligne, dont un sur le site web de Ressources naturelles Canada, qui peuvent aider à estimer les économies potentielles.
Les propriétaires qui optent pour une thermopompe électrique à partir d’un chauffage à combustible fossile (gaz naturel, propane ou mazout) peuvent également être admissibles à des rabais du gouvernement fédéral, de leur service public local ou provincial, ou de leur municipalité.
BC Hydro, par exemple, offre jusqu’à 3000 $ de remise pour le passage d’un système à combustible fossile, qui peut être combiné avec des rabais provinciaux et fédéraux pour une économie totale pouvant atteindre 11 000 $ sur le coût et l’installation de la pompe à chaleur. Hydro-Québec offre aussi une aide financière pour l’abandon d’un système au propane ou au mazout, mais pas pour celui d’un système alimenté au gaz naturel.
«Il faut impliquer un professionnel, estime M. Sharman. Avec toutes les remises, il est possible de ne payer que 15% à 20% de la valeur du (nouveau) système. Qui sait? Mais il est nécessaire qu’un professionnel se rende sur les lieux, mesure tout et vous dise quels programmes sont applicables au produit envisagé.»
Shelly Robichaud, une propriétaire d’Edmonton qui a remplacé sa fournaise au gaz naturel par une thermopompe électrique il y a quelques années, a pris cette décision en grande partie parce qu’elle voulait éliminer le gaz naturel de sa maison.
Elle et son mari ont également des panneaux solaires sur leur toit et produisent leur propre électricité, ce qui fait qu’ils ont un léger rendement «net positif» par rapport à leurs factures annuelles de chauffage et d’électricité. L’année dernière, ils ont en fait réalisé un bénéfice de 300 $ en revendant l’électricité excédentaire qu’ils génèrent sur le réseau.
«D’aussi loin que je me souvienne, je suis écologiste, donc honnêtement, c’était le principal facteur qui m’a poussé à faire cela, explique Mme Robichaud. On peut cependant s’en sortir (financièrement).»
«Je pense qu’avec les thermopompes, comme pour tout le reste, les gens ont peur des nouvelles technologies, ajoute Mme Robichaud. Il faut d’abord que les utilisateurs précoces s’y mettent, puis les autres suivent.»