Réinventer le deuil


Édition du 28 Octobre 2020

Réinventer le deuil


Édition du 28 Octobre 2020

Dans certains cas, des familles n’ont pas pu accompagner leur proche jusqu’à son dernier souffle en raison des restrictions sanitaires. (Photo: 123RF)

INDUSTRIE FUNÉRAIRE. Un deuil se met difficilement sur pause, même en temps de pandémie. Les entreprises funéraires du Québec l’ont bien compris et offrent des solutions pour accompagner les familles éplorées par la perte d’un être cher.

C’est notamment le cas du Complexe Aeterna qui a mis sur pied un service de derniers au revoir à l’auto. Le concept est singulier : le cercueil du défunt est déposé derrière une vitrine du complexe de l’entreprise funéraire montréalaise. Puis, les uns à la suite des autres, les proches défilent devant la dépouille au volant de leur voiture, offrant au passage leurs condoléances à la famille, dans le plus strict respect des mesures de distanciation sociale.

« L’initiative a connu un franc succès ; plus de 425 voitures se sont présentées aux toutes premières condoléances au volant que nous avons tenu, à la fin avril. Pour la famille, recevoir des condoléances de la part de l’entourage permet de cheminer dans son deuil, de passer les étapes du choc, du déni et de la colère », explique Lucie Marsolais, directrice générale du Complexe Aeterna. 

Malgré tout, seule une poignée de familles se sont prévalues de ce service lors de la première vague. « Il faut vraiment voir ce service comme une alternative, un plan B en temps de crise sanitaire », précise-t-elle.

Défis inédits

Toujours dans la région métropolitaine, la Coopérative funéraire du Grand Montréal a aussi voulu faciliter la vie des familles endeuillées. Pour ce faire, elle a proposé un service de soutien téléphonique gratuit pour conforter les clients qui en manifestent le besoin. De son côté, la Corporation des thanatologues du Québec a mis à la disposition des familles québécoises d’outils inédits d’aide et d’accompagnement pour soutenir les personnes après la mort d’un proche.

Selon Nathalie Viens, formatrice et coordonnatrice du Centre de formation Monbourquette sur le deuil à la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, l’industrie de la mort n’avait d’autre choix que de se réinventer en ces temps de pandémie, comme le veut désormais l’expression consacrée. « Les rituels funéraires contribuent à accepter la nouvelle réalité sans le disparu, rappelle-t-elle. La pandémie a néanmoins complexifié le deuil, dû à son caractère soudain et imprévisible. »

Dans certains cas, des familles n’ont pas pu accompagner leur proche jusqu’à son dernier souffle en raison des restrictions sanitaires. Cela a été tout particulièrement le cas dans les CHSLD, qualifiés de « mouroirs » au cœur de la première vague au printemps, ainsi que dans certaines résidences pour aînés frappées par des éclosions du nouveau coronavirus. 

Face à ces défis inédits, le Centre de formation Monbourquette a publié en ligne un Guide pour les personnes endeuillées en période de pandémie. Le but : fournir de l’information adaptée au contexte de la COVID-19 sur les différentes étapes nécessaires pour « faire son temps de douleur ». « Le guide a beaucoup circulé dans le milieu, notamment auprès de plusieurs salons funéraires. Clairement, il a comblé un réel besoin », conclut son autrice, Nathalie Viens.

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