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IL ÉTAIT UNE FOIS... VOS FINANCES, la rubrique où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'argent... ou presque!
L’anxiété financière gagne du terrain au Québec. Les coupables? Les dépenses incompressibles des ménages.
La quatrième mesure de « l’indice d’anxiété financière », réalisée par Léger Marketing pour le compte de Centraide Montréal, révèle que ce sont désormais près de la moitié des Québécois (48%) qui vivent de l’anxiété importante face à leurs finances.
C’est 6% de plus qu’il y a à peine un an et demi, en novembre 2022, lorsque la première édition du même sondage avait évalué que l’anxiété modérée ou sévère était vécue 42% des répondants.
Si les loisirs sont le premier poste budgétaire à se faire réduire (36%) lorsqu’on cherche un peu de répit, avec les vêtements (25%) et l’épargne (21%) tout juste derrière, c’est le quintette des dépenses « incompressibles » qui empêche les gens de croire que leur situation s’améliorera prochainement.
Dépenses pour les besoins de base
De ces dépenses où l’on peut difficilement couper, on retrouve l’alimentation (qui inquiète 56% des répondants), le logement (loyer et hypothèque, 48%), les dépenses reliées aux enfants (45%), l’énergie (37%) ainsi que le transport (35%).
S’il est possible de dire adieu à un voyage estival, par exemple, il est plus compliqué de couper sans son loyer ou dans l’épicerie, souligne le PDG de Centraide Montréal, Claude Pinard.
« C’est assez préoccupant, avance-t-il. Honnêtement, cette augmentation de l’anxiété nous a pris par surprise parce que l’économie se porte relativement assez bien et le taux de chômage est assez bas. Mais les gens ont peur de manquer de ressources pour subvenir à leurs besoins de base. Ces dépenses sont pas mal incompressibles. Le loyer, on doit le payer. »
Sans compter qu’il est de plus en plus difficile de simplement améliorer son sort en raison de la hausse fulgurante des prix des loyers au cours des dernières années, mentionne Claude Pinard.
« Si on déménage, on va payer plus cher », laisse-t-il tomber.
Les gens qui gagnent 40 000$ ou 50 000$ et qui doivent utiliser 50% de leurs revenus nets pour se loger sont dans une situation intenable, soutient-il, car il ne leur plus beaucoup d’argent pour s’acquitter des autres dépenses.
« Pour en arriver à payer seulement 30% de revenus nets pour son logement (NDLR Le seuil d’abordabilité utilisé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement), il leur faut alors gagner beaucoup plus d’argent », remarque-t-il.
Et si l'économie était au ralenti?
Claude Pinard se questionne ouvertement sur ce que sera la situation psychologique des Québécois si l’économie frappait un mur.
« Si jamais un ralentissement économique survient, l’anxiété sera comment? », demande-t-il.
Chose certaine, les répondants ont déjà peur qu’un pépin ne survienne, même sans ralentissement économique d’envergure.
Ils sont 53% à croire qu’ils n’auront jamais assez d’argent pour accéder à la propriété, ce qui exacerbe la peur qu’a le quart des locataires de se voir évincés de leur logement.
Plusieurs ont également une grande crainte de devoir absorber une grosse dépense imprévue (48%), de ne pas avoir assez d’argent pour la retraite (44%), de ne pas être en mesure de rembourser leurs dettes (30%), de ne pas pouvoir payer les soins de santé pour eux-mêmes ou leur famille (29%) ou encore être dans l’impossibilité de payer les achats essentiels (27%) ainsi que le loyer ou l’hypothèque (25%).
Cachez ce relevé que je ne saurais voir
Une autre situation qui en dit long sur le stress que peuvent vivre les gens face à leurs finances personnelles est la relation qu’ils ont… avec leur relevé bancaire.
Plus d’un tiers (39%) des participants à l’étude disent que regarder leur relevé bancaire est désagréable, et 36% des gens préfèrent ne pas penser à leurs finances personnelles du tout.
« Si le simple fait de regarder son relevé de compte bancaire ou de carte de crédit est pénible, on voit rapidement que les finances personnelles ne sont pas faciles pour une grande partie de la population », souligne Claude Pinard.
Cette anxiété générale est en hausse, mais, pourtant, la perception des gens envers leur propre situation financière demeure stable. Leurs revenus des six derniers mois sont restés le même dans 64% et ont augmenté dans une proportion de 18%, tandis que la perception de leur situation financière est bonne (53%) ou correcte (34%) dans la majorité des cas. Ils sont également 79% à penser que leur situation va s’améliorer (21% ou rester la même (58%) dans le futur.
« La perception envers leurs finances personnelles n’a pas évolué, mais les gens sont de plus en plus inquiets, observe Claude Pinard. Nous avons de grands défis devant nous. »