Les entrepreneurs en démarrage peuvent prendre le pouls du marché pendant cinq mois, tout en minimisant le risque financier puisqu’ils n’ont pas à débourser de loyer. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAUX. Si plusieurs incubateurs d’entreprises s’intéressent aux nouvelles technologies et à l’innovation dans des secteurs de pointe, la boutique du Quartier de Lévis tente pour sa part d’appliquer le concept de l’incubateur entrepreneurial au commerce de détail.
Lancée au mois de juin, la première boutique du Quartier regroupe huit entrepreneurs de Lévis. Qu’ils soient actifs en mode, en agroalimentaire ou en réparation de vélos, ces entrepreneurs en démarrage peuvent y prendre le pouls du marché pendant cinq mois, tout en minimisant le risque financier puisqu’ils n’ont pas à débourser de loyer.
En proposant une offre complémentaire aux consommateurs de proximité, l’objectif était aussi de dynamiser le quartier et l’écosystème commercial, explique Martine Chagnon, directrice de l’organisme Mon quartier de Lévis. Les entrepreneurs ont été choisis avec grand soin, de manière à ce qu’ils n’entrent pas en compétition avec les commerçants déjà établis, note-t-elle.
« C’est comme si on ouvrait huit entreprises différentes d’un seul coup, explique Martine Chagnon. Donc, un consommateur qui a le souci d’acheter local et à distance de marche vient de trouver huit nouvelles entreprises pour combler ses besoins. » D’ailleurs, les boutiques situées tout près de la boutique du Quartier parlent déjà d’une augmentation d’achalandage dans leurs commerces. « Ça a comme créé un petit « buzz » [dans le quartier]. »
Le coup de pouce qui change la donne
L’expérience a permis aux entrepreneurs de recueillir de précieuses données pour étoffer leur plan d’affaires. « Avoir pignon sur rue dans un secteur achalandé, ça ne se compare pas à réparer des vélos chez moi avec ma clientèle, dit Marc Parent, président de l’atelier de réparation de vélos Bobissik. Qu’on parle de chiffre d’affaires, de rentrées d’argent ou d’achalandage, tout a essentiellement doublé. » Fort de son expérience au sein de l’incubateur, l’ancien enseignant souhaite désormais ouvrir sa propre boutique au printemps et y élargir son offre de service, en ajoutant de la location de vélos, de la formation ainsi que l’accès libre-service à ses installations et ses outils.
Martine Chagnon confirme que de belles choses ont pris naissance à la boutique du Quartier. « Il y a des entrepreneurs qu’on a maillés avec d’autres entreprises, par exemple en point de dépôt (c’est-à-dire qu’ils peuvent y laisser leur marchandise en consigne), et certains vont probablement regarder pour prendre un local ensemble », dit-elle. Quant aux professionnelles de Kara Bijoux & Style et de la boutique de sacs et d’accessoires Sanana, « elles ont créé une collection ensemble », se réjouit Martine Chagnon.
Nouveau programme de soutien au démarrage
La Ville de Lévis, l’un des partenaires du projet, vient de lancer un programme de soutien financier à l’implantation de nouveaux commerces, en complément à la boutique du Quartier. Les nouveaux entrepreneurs pourront avoir accès à une subvention équivalente à un an de loyer, jusqu’à concurrence de 15 000 $.
Karine Marcoux, conseillère en développement, volet commercial, à la direction du développement économique et de la promotion de la Ville de Lévis, précise qu’il s’agit d’une véritable subvention, et non d’un prêt. « Parce qu’on sait que les premières années de démarrage d’une entreprise, c’est ce qui est plus difficile, dit-elle. C’est souvent le moment où on a besoin de plus de liquidités pour donner un souffle à l’entreprise. »
Marc Parent, de Bobissik, entend déposer sa candidature pour profiter de ce coup de pouce « substantiel ». « Surtout que dans le secteur du Vieux-Lévis, c’est cher au pied carré ! » illustre celui qui a ciblé un local à quelque 500 mètres de l’actuelle boutique du Quartier, directement sur la piste cyclable et à proximité du Quai Paquet, où transitent de nombreuses personnes, habitants et touristes.
À compter du 4 novembre, la boutique du Quartier s’installera dans un nouveau local du quartier de Saint-Romuald, pour une deuxième version de l’incubateur. « Le conseil d’administration a déjà voté un budget pour qu’une troisième boutique ouvre au printemps prochain », laisse tomber Martine Chagnon, déjà « emballée » par la suite de l’aventure.
