Harnois Irrigation se spécialise dans la conception et la fabrication sur mesure de grandes rampes d’irrigation d’une largeur atteignant 300 pieds, les seules du genre fabriquées en Amérique. (Photo: courtoisie)
FOCUS LANAUDIÈRE. Danielle Harnois n’était pas encore née quand son père Rolland a vendu son premier système d’irrigation à des producteurs de tabac de la région de Joliette, à la fin des années 1950. Enfant, elle se rappelle avoir parfois accompagné son père avec les autres membres de la famille chez des agriculteurs pour y installer ou y réparer des équipements.
« J’en garde un excellent souvenir. Il y avait une grande fierté de pouvoir aider des agriculteurs à bien faire leur travail. C’est vraiment ce qui m’a motivée à reprendre les activités de l’entreprise », indique Mme Harnois en précisant que les activités de l’entreprise faisaient aussi régulièrement partie des discussions lors des repas familiaux.
Toutefois, l’aînée de cinq enfants aura d’abord fait carrière dans le domaine de la santé pendant près de 30 ans avant de reprendre les rênes de la PME de Saint-Thomas. Après des études en techniques de laboratoire et un emploi de technicienne, elle a gravi les échelons jusqu’à devenir chef de service à l’hôpital de Joliette. Elle s’occupe de budget, d’achat d’équipements médicaux ou encore de gestion de personnel.
« Quand j’ai fait mon choix de carrière, j’étais destinée à occuper un poste de bureau dans l’entreprise familiale. Ça ne m’intéressait pas, j’aurais préféré être dans l’usine ou sur le terrain », explique-t-elle. Cet emploi d’administratrice dans le secteur de la santé a toutefois confirmé son désir d’avoir sa propre entreprise.
Nouveau départ
En 2011, alors au début de la cinquantaine, Danielle Harnois revient au bercail. Entretemps, la PME familiale avait passablement grandi. Irrigation St-Thomas s’appelait dorénavant Industries Harnois et s’était diversifiée au point de devenir l’un des plus importants fabricants de serres et de dômes au pays, tantpour le secteur agricole que pour le secteur commercial.
Or, le volet irrigation qui avait donné naissance à l’entreprise – aujourd’hui dirigée par son frère Patrice – était justement devenu moins important. Mme Harnois a donc décidé de reprendre cette branche de l’entreprise pour en faire une société distincte, Harnois Irrigation, totalement dédiée à la conception, à la vente et au service de systèmes d’irrigation mécanisés.
« C’est mon projet de préretraite », blague-t-elle en ajoutant avoir grandement sous-estimé le nombre d’heures de travail nécessaires pour relancer et développer une entreprise. Au moins, la directrice générale peut aussi compter sur son associé et président, Michel Goyet, un expert en systèmes d’irrigation qui travaille auprès de la famille depuis bon nombre d’années.
Miser sur l’économie d’eau
La PME, qui emploie 11 personnes, se spécialise dans la conception et la fabrication sur mesure de grandes rampes d’irrigation d’une largeur atteignant 300 pieds, les seules du genre fabriquées en Amérique. Son principal concurrent est implanté au Royaume-Uni, et il existe plusieurs fabricants de plus petites rampes qui ne couvrent pas les mêmes superficies ou n’offrent pas les mêmes technologies.
Si les systèmes d’irrigation ont grandement évolué au fil des ans, Harnois Irrigation a toujours su innover et fabrique aujourd’hui des équipements utilisant des technologies à basse pression qui permettent des économies d’eau, de carburant et d’argent. « Avec les nouvelles règlementations en matière de gestion de l’eau, il faut fournir aux agriculteurs des équipements qui sont plus écologiques et plus performants », souligne la directrice générale.
La PME mise donc sur son impact positif sur l’empreinte environnementale de ses clients pour accroître sa présence non seulement au Québec, en Ontario et dans les Maritimes – qui génèrent 90 % de ses ventes –, mais aussi aux États-Unis et dans de nouveaux marchés.
L’entreprise vend déjà des produits dans les États de New York et de l’Ohio, mais son expansion américaine n’est pas aussi rapide que prévu. « Les mentalités évoluent lentement. Ce ne sont pas tous les agriculteurs qui sont prêts à se tourner vers des équipements qui économisent l’eau », explique Mme Harnois.
Harnois Irrigation a fait une percée en Afrique, entre autres au Rwanda dans le cadre d’un projet gouvernemental de production de légumes et de riz recourant à des systèmes d’irrigation. L’entreprise cible aussi des pays d’Europe de l’Est, notamment l’Ukraine où elle fait des démarches depuis plusieurs années. Mais, le climat politique et la réforme sur la propriété des terres agricoles y ont freiné son élan.
Au Québec, l’entreprise compte entre autres sur la présence de Bonduelle, ce géant français spécialisé dans la transformation de légumes, qui demande de plus en plus à ses fournisseurs d’utiliser des systèmes d’irrigation. « Si les légumes manquent d’eau, ils sont plus fibreux, et donc de moins bonne qualité », explique Mme Harnois.
Elle se réjouit d’ailleurs des étés chauds et caniculaires que connaît la province depuis deux ans. « Les étés pluvieux, ce n’est pas bon pour nous. Mais les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à vouloir se doter d’équipements d’irrigation pour se prémunir contre les aléas du climat. Comme une police d’assurance, au cas où. »