Industrie minière de demain: l'innovation boréale

Offert par Les Affaires


Édition du 26 Mai 2021

Industrie minière de demain: l'innovation boréale

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Édition du 26 Mai 2021

Par Émélie Rivard-Boudreau

Comme Meglab et Minrail, Technosub et ses partenaires s’attendent à exporter leur invention dans des mines partout sur la planète. (Photo: Deon Hua pour Unsplash)

FOCUS RÉGIONAL: ABITIBI-TÉMISCAMINGUE. En Abitibi, de nombreuses galeries souterraines sont plus connectées que des villages à la surface. En effet, grâce à des innovations abitibiennes, l’époque du pic et de la pelle est bien révolue. Les minières peuvent localiser et contrôler leur machinerie à distance, recueillir des données sous terre en temps réel et électrifier leurs opérations. Leur quête : des mines plus sécuritaires et moins énergivores partout dans le monde.

Depuis quelques semaines, à Val-d’Or, un drapeau bleu et jaune flotte devant le siège social de Meglab, une entreprise spécialisée en électrification, télécommunication et automatisation dans le secteur minier. La PME locale vient d’être acquise par Epiroc, un géant suédois de l’équipement minier. 

Elle s’est fait remarquer par Epiroc grâce à sa contribution au développement de la mine aurifère Borden, en Ontario — la première mine souterraine 100 % électrique au Canada. Meglab y a développé une sous-station électrique de 1000 volts, alors que la norme au Canada était plutôt de 600 volts. « On voyait ça en Europe ou en Australie, mais pas tellement en Amérique du Nord, souligne la directrice générale, Kim Valade. Ça permet au véhicule de parcourir de plus longues distances avec le câble et de réduire le nombre de stations électriques nécessaires sous terre. »

 

Intégrer les innovations sous terre

Meglab a fait aussi sa marque en automatisation des opérations. Son système Imagine permet de localiser en temps réel le personnel et les équipements sous terre. Il peut aussi contrôler la ventilation seulement où des opérations sont en cours. « Tout le système de ventilation peut être automatisé avec la présence de travailleurs ou de véhicules. On estime de 40 % à 50 % l’économie d’énergie avec un tel système de localisation, mais il y a aussi beaucoup moins de gaspillage de temps », souligne Kim Valade. 

Visiblement, le concept répond à un besoin. Située à peine à deux kilomètres des installations de Meglab, la mine Lamaque, d’Eldorado Gold Québec, utilise le système Imagine. Celui-ci a permis de diminuer les coûts liés à la ventilation, mais aussi d’améliorer les conditions de santé et de sécurité des travailleurs. Grâce aux informations transmises en direct à une salle de contrôle, rassembler rapidement les gens sous terre pour une évacuation prend de deux à trois fois moins de temps, estime Martin Pichette, directeur des opérations et de l’entretien à Eldorado Gold Québec. Cette même technologie envoie des alertes sonores et visuelles qui contribuent à prévenir des accidents. « Sous terre, il y a des équipements assez gros, d’autres plus petits, et des piétons, évoque-t-il. Ce système-là, intégré dans les lampes et les équipements, permet d’éviter des collisions. »

 

Tout essayer !

Eldorado Gold Québec semble bien déterminée à valoriser les innovations régionales. Deux autres produits issus du génie abitibien sont récemment apparus dans la mine Lamaque. Parmi eux, le Shallow-Angle Mining System (SAMS). Cet imposant système électrique sur rails ancrés au plafond permet d’exploiter les gisements à faible pendage (inclinaison du filon) de façon plus sécuritaire et rentable. Le président et cofondateur de l’entreprise valdorienne Minrail, Marc Beauvais, travaille sur le concept du SAMS depuis 2012. Il espère que d’autres mines canadiennes adoptent son invention. « On déplace beaucoup moins de roches qu’avec les autres méthodes de minage, vante-t-il. On va chercher exactement le même métal qu’avant, tout en ayant une empreinte beaucoup plus faible sur l’environnement. »

L’équipe de la mine Lamaque fait aussi l’essai d’une pompe connectée et « intelligente ». Bien qu’il soit placé sous terre et sous l’eau, l’appareil détecte les vibrations, la chaleur et les déclins dans le pompage. Martin Pichette y voit un grand potentiel pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. « On voit l’état des équipements sous terre, donc on n’est pas obligés d’aller faire de l’entretien préventif qui demande beaucoup de main-d’œuvre, explique-t-il. On va pouvoir planifier, préparer les pièces, et au moment où il faudra intervenir sur le terrain, ça va être tellement plus court ! »

La fameuse pompe a été conçue dans une démarche d’innovation ouverte pilotée par Technosub, une entreprise de Rouyn-Noranda spécialisée dans l’équipement de pompage. En à peine quelques mois, au cours de la dernière année, cinq autres entreprises locales ont partagé leurs connaissances et créé rapidement le produit. « Combiner des choses déjà inventées, c’est ça l’innovation. Toutes les start-ups avec qui on a travaillé avaient dans leurs produits une clé dont on avait besoin », témoigne Patrick Martel, vice-président aux innovations et aux solutions intégrées à Technosub. Comme Meglab et Minrail, Technosub et ses partenaires s’attendent à exporter leur invention dans des mines partout sur la planète.

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