Mélanie Paul (Photo: courtoisie)
ÉNERGIE. Inukshuk Synergie développe des « solutions clé en main » pour aider les communautés autochtones et les entreprises minières du Grand Nord à convertir leurs installations de chauffage au diesel en un système alimenté à la biomasse.
Les services de l’entreprise de Mashteuiatsh, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sont offerts là où les biomasses « brutes » émanant de l’industrie forestière ou agricole ne sont pas accessibles aux alentours.
« La solution que l’on met de l’avant est la granule de bois, explique sa présidente, Mélanie Paul. Ce sont des résidus forestiers qui ont été traités pour atteindre un niveau d’humidité et une densité énergétique permettant d’avoir un combustible stable, qui se transporte bien et qui brûle efficacement. »
L’attrait de cette source d’énergie est son empreinte environnementale réduite, comparativement aux énergies fossiles. « Lorsqu’on brûle de la biomasse, on émet dans l’atmosphère du CO2 qui aurait été libéré de toute façon, mais sur une plus longue période, à mesure que les débris de bois se seraient décomposés », détaille Mathieu Béland, coordonnateur à Vision Biomasse Québec, un regroupement voué à la promotion du chauffage à la biomasse forestière.
Mélanie Paul précise qu’elle ne « réinvente pas la roue » en proposant cette solution énergétique dans le Grand Nord. « La granule de bois est un combustible utilisé partout dans le monde, aussi bien dans un contexte résidentiel, commercial ou industriel ». Si le Québec a peu recours à cette filière énergétique, c’est principalement en raison du faible coût de l’hydroélectricité.
Le contexte du Grand Nord est toutefois particulier : la plupart des communautés autochtones et des sites miniers qui s’y trouvent ne sont pas raccordés au réseau principal d’Hydro-Québec. Par conséquent, une majorité d’entre eux se chauffent et s’éclairent au mazout ou au diesel.
D’ailleurs, Mathieu Béland comprend mal que la biomasse ne soit pas envisagée plus sérieusement par la société d’État dans son plan de transition des réseaux autonomes. « C’est une absurdité que l’on continue de faire livrer du diesel dans les collectivités éloignées, alors qu’on pourrait utiliser une ressource comme la biomasse qui est produite au Québec, dit-il. Malheureusement, ce genre de projet est encore rare. »
En fait, on ne trouve qu’un exemple d’une utilisation de la biomasse au nord du 55e parallèle. En 2017, le village cri de Whapmagoostui au Nunavik a décidé de convertir la chaudière de son complexe sportif – alimenté au diesel – en un système de chauffage alimenté à la « biomasse forestière résiduelle ». Les granules de bois torréfié utilisées dans le procédé sont produites à Bécancour par l’entreprise Airex Énergie. Elles sont ensuite livrées par bateau à Whapmagoostui une fois par année.
Une énergie complémentaire
Malgré tout le potentiel des granules de bois comme source d’énergie renouvelable, il ne faut pas y voir une panacée qui règle tous les problèmes énergétiques d’une région.
Selon la documentation d’Hydro-Québec, la biomasse affiche un rendement de 80 % et plus lorsqu’il est question de produire de la chaleur. Toutefois, le rendement atteint seulement de 30 à 35 % lorsqu’on cherche à produire l’électricité.
Il faut donc envisager d’utiliser la biomasse dans un système de cogénération, où la chaleur qui se dégage lors de la production d’électricité est récupérée pour chauffer un bâtiment. « On peut aussi travailler en complémentarité avec le solaire ou l’éolien, qui sont des énergies moins coûteuses, mais intermittentes », ajoute Mélanie Paul.