Donald Trump a levé le moratoire sur les baux de production de charbon en terres fédérales, ouvrant la voie au développement de nouvelles mines.
DOSSIER ÉNERGIE - Le 4 août, le deuxième émetteur mondial de GES informait officiellement les Nations Unies de son désir de se retirer de l’Accord de Paris. Un geste purement politique, puisqu’en théorie, aucun État ne peut se retirer avant novembre 2020.
Le président avait déjà promis, en mars dernier, de mettre un terme à «la guerre au charbon» menée par l’administration précédente et amorcé, par ordre exécutif, le démantèlement du Clean Power Plan (CPP) cher à Barack Obama. Trump a également levé le moratoire sur les baux de production de charbon en terres fédérales, ouvrant lavoie à de nouvelles mines.
Lancé en 2015, le CPP impose une réduction de 32 % par rapport à 2005 des émissions de dioxyde de carbone aux centrales électriques américaines, d’ici 2030. Dans les faits, Obama a signé l’arrêt de mort des centrales au charbon, beaucoup plus polluantes et incapables de suivre une telle cadence.
Trump a également annoncé à plusieurs reprises qu’il travaillerait à ce que de nouvelles centrales au charbon soient construites ailleurs dans le monde –une façon de compenser la chute de la consommation domestique de charbon par des exportations. Il a même suggéré qu’on pioche dans le Fonds vert sur le climat des Nations Unis pour les financer.
«Une pure fantaisie», estime David Victor, spécialiste des marchés énergétiques à l’Université de Californie à San Diego. «Non seulement les autres membres y sont farouchement opposés, mais la capacité des États-Unis d’influer sur ce que finance le Fonds vert a diminué, puisqu’ils ont cessé de le financer.»
Selon M. Victor, rien de ce qu’a annoncé Trump n’a eu le moindre effet sur le marché énergétique américain ou, à plus forte raison, sur l’industrie du charbon. «Il y a une déconnection grandissante entre les mots que Trump utilise et une quelconque réalité», dit-il.
Néanmoins, ce n’est pas le CPP d’Obama qui a eu la peau des mines de charbon, mais plutôt la compétition de plus en plus féroce que lui portent le gaz naturel et les énergies renouvelables. Depuis 1990, 92 % de la capacité électrique additionnelle américaine est provenue de ces deux sources (incluant l’hydroélectricité), selon le Sustainable Energy in America Factbook.
Dans les cinq dernières années, 62 % est venue des renouvelables seuls. Une tendance qui s’accroit : en 2016, 70 % de la nouvelle capacité américaine (soit 21 GW) est venue des renouvelables, cette fois-ci en excluant l’hydroélectricité!
Inversement depuis 2009, la part du charbon dans la production d’électricité est passée de 52 % à 30 % et des centaines de centrales au charbon, totalisant 40 GW d’électricité, ont été remisées ou converties depuis 2015.
En 2016, la part du gaz naturel dans la production totale (33,8 %) a dépassé celle du charbon pour la première fois. Même si en 2017, le charbon pourrait reprendre momentanément sa première place en raison d’une hausse du prix du gaz, il devrait la reperdre dès 2018 ou 2019, probablement pour de bon.
«La vraie grande nouvelle, c’est que la part du charbon a décliné au point d’être maintenant au coude à coude avec le gaz naturel», estime M. Victor. «Et même si Trump installe une centrale au charbon dans la Maison blanche, ça ne va pas changer.»
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