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Retour au dossier spécial sur les REER
Le cas
Si repousser la retraite peut plaire à certains, elle séduit moins les personnes qui exercent un métier épuisant physiquement. C'est la situation de notre lecteur, qui a ouvert ses livres à notre expert, Daniel Laverdière, directeur principal, planification financière et service-conseil, chez Banque Nationale Gestion privée 1859. À notre demande, ce dernier se limitera aux chiffres et n'abordera pas les questions successorales ou des assurances.
Monsieur a 41 ans et travaille dans le domaine de la construction comme soudeur. Son but : prendre sa retraite à 50 ans. Notre lecteur est en couple avec une femme de cinq ans sa cadette (elle veut se retirer à 60 ans). Le couple a un enfant. Il a un salaire annuel de 85 000 $, tandis que madame travaille à temps partiel et gagne 12 000 $ par année.
Le coût de la vie estimé du couple s'établit à 55 000 $, en excluant le remboursement de la dette. Notre lecteur compte le maintenir durant sa retraite. Le couple n'a pas un style de vie extravagant, mais il fait un voyage dans le Sud et une escapade aux États-Unis tous les ans.
Monsieur peut-il vraiment prendre sa retraite à 50 ans ? Examinons le reste du tableau.
Il possède un immeuble locatif de 12 logements évalué à 720 000 $ et une maison valant 500 000 $. Les hypothèques respectives s'élèvent à 480 000 et 220 000 $. Il a 90 000 $ dans son REER et 49 000 $ dans son régime de retraite de la Commission de la construction du Québec (CCQ). Son CELI contient 54 000 $, et il a rempli celui de sa conjointe au maximum (41 000 $ en 2015). Le REEE de l'enfant comprend 10 000 $.
Mais ce n'est pas tout... Notre lecteur a pour plus de 500 000 $ en placements non enregistrés.
Après une analyse des données, Daniel Laverdière vient rapidement à cette conclusion : c'est tout à fait possible ! Un élément important, selon lui, repose sur le coût de la vie. «Est-ce que le couple dépense vraiment 55 000 $ ? Si c'est davantage, le projet peut dérailler», avertit-il.
Mais la clé de voûte sur laquelle repose le projet est l'immeuble locatif qu'il devra gérer. Daniel Laverdière a étudié un scénario où notre lecteur conserve son immeuble locatif et un autre où il vend cet actif et rembourse ses dettes.
Ses conclusions : l'objectif est facilement atteignable en gardant l'immeuble. Avec la vente, le plan devient bancal. Actuellement, les 12 logements rapportent un revenu brut de location (les loyers moins les dépenses récurrentes) de 40 000 $ par année. Un peu plus de 20 000 $ servent à rembourser l'hypothèque, qui aura disparu en 2039. La dette sur la résidence familiale sera réglée cinq ans plus tôt. Monsieur aura alors 65 ans, et madame, 60 ans. En raison de l'inflation, leur coût de la vie annuel sera alors de plus de 88 000 $.
Pour ses hypothèses, Daniel Laverdière a retenu un taux de rendement prudent de 3,5 % sur les placements, 2 % d'augmentation annuelle sur les revenus locatifs et une hausse du coût de la vie de 2 %.
En conservant l'immeuble, le couple maintient le niveau de vie souhaité. Le capital du ménage s'accroîtra jusqu'en 2025, année de la retraite de monsieur. Il diminuera jusqu'en 2040, année où les deux hypothèques seront remboursées. Cette année-là, l'hypothèque sur l'immeuble locatif sera remboursée, et le ménage commencera à tirer des revenus du Régime de rentes du Québec. Le capital recommencera à s'apprécier. Deux ans plus tard, la pension de la Sécurité de la vieillesse de monsieur entrera en jeu. Et en 2046, l'immeuble à logements, le FERR de monsieur, le RRQ et le régime de retraite de la CCQ suffiront à couvrir le coût de la vie. Pendant ce temps, le CELI continuera de s'apprécier. Lorsque monsieur aura atteint l'âge de 90 ans, le ménage sera assis sur 1,1 million de dollars (en dollars futurs - 400 000 $ en dollars d'aujourd'hui).
Si notre lecteur vend son immeuble maintenant et rembourse ses dettes, la situation est totalement différente. En maintenant un coût de la vie de 55 000 $ (indexé de 2 % à compter d'aujourd'hui), le capital sera épuisé autour de 2052, lorsque monsieur aura 77 ans.
«Pour que le scénario fonctionne, le ménage devra réduire son coût de la vie à 46 000 $ dès maintenant», calcule Daniel Laverdière.
Expert invité