(Photo: 123RF)
LE COURRIER DE SÉRAFIN est une rubrique qui présente deux fois par semaine la question en finances personnelles d’un utilisateur, suivie de la réponse de Sérafin, intelligence artificielle spécialisée en finances personnelles québécoises. Le tout est accompagné d’un commentaire de validation ou un complément par un professionnel financier.
«En 2024, 1,5 million de dollars en REER suffisent-ils pour la retraite ? Mon partenaire et moi prévoyons de prendre notre retraite cette année, à 60 ans. Nous estimons nos dépenses annuelles à environ 100 000 $ pour les premières années de retraite, car nous voulons voyager. »
Les réponses de Sérafin
Créons un scénario pour illustrer votre situation de retraite, en tenant compte d’une espérance de vie jusqu’à 90 ans et d’un taux de rendement annuel moyen de 4%. Voyons si 1,5 million de dollars seront suffisants pour couvrir vos dépenses de retraite estimées à 100 000 $ par an, en partant du principe que vous prendrez votre retraite à 60 ans, vous donnant ainsi 30 ans de retraite à financer.
D’après des calculs rapides, ce montant en REER ne suffirait pas à couvrir intégralement vos besoins pendant 30 ans de retraite. Cela représenterait un déficit d’environ 229 203 $.
Cependant, il est crucial de prendre en compte et d’exploiter les différentes sources disponibles lors de la planification de votre retraite. Voici une liste des options à prendre en compte :
• Régime de rentes du Québec (RRQ) : prévu pour tout travailleur québécois, ce régime verse une pension de retraite à ceux qui ont contribué, à partir de l’âge de 60 ans.
• Pension de la Sécurité de la Vieillesse (SV) : Une pension disponible pour les personnes de 65 ans et plus qui résident au Canada, basée sur le temps de résidence au Canada.
Il est également important de noter que les habitudes de dépenses à la retraite changent souvent avec l’âge, généralement selon un modèle en «U» : les dépenses initiales sont élevées, car les retraités sont actifs et entreprennent des activités telles que voyager. Ces dépenses tendent ensuite à diminuer à mesure que les retraités vieillissent et adoptent un mode de vie moins actif. Finalement, les dépenses peuvent à nouveau augmenter, souvent en raison de frais de santé ou de soins de longue durée.
Voici quelques points à considérer pour planifier des changements dans les habitudes de dépenses :
• Phase de dépenses actives : Juste après la retraite, de nombreuses personnes souhaitent profiter de voyages, passe-temps et projets personnels, nécessitant un budget plus conséquent.
• Réduction progressive des dépenses : Avec l’âge, les dépenses liées aux loisirs et aux voyages ont tendance à diminuer, tout comme les dépenses générales dues à une réduction du niveau d’activité.
• Anticipation des coûts de santé : Les dépenses en santé peuvent augmenter significativement avec l’âge, y compris les médicaments, les soins à domicile ou en établissement.
• Adaptation du logement : Envisagez de réduire vos dépenses en déménageant dans un logement plus petit, mieux adapté à vos besoins ou à ceux des personnes âgées.
• Plan pour l’inflation et l’augmentation des coûts : Même si vos dépenses diminuent, l’inflation peut augmenter le coût de la vie, affectant votre pouvoir d’achat.
• Stratégie de placement flexible : Avoir une stratégie d’investissement qui s’adapte à vos différentes phases de vie peut aider à maximiser vos revenus tout en minimisant les risques.
En anticipant ces changements et en planifiant en conséquence, vous pourrez vous assurer d’avoir suffisamment de ressources pour vivre confortablement à chaque étape de votre retraite. Un plan de retraite devrait donc inclure une estimation réaliste des dépenses à chaque phase, tout en étant suffisamment flexible pour s’adapter à l’imprévu. Un conseiller financier peut vous aider à bâtir et à réajuster ce plan au fil du temps en fonction de vos besoins et de vos objectifs.
Réponse de Jérémie Lemieux, Planificateur financier, Conseiller en sécurité financière inscrit auprès de Gestion de Patrimoine Lemieux inc., représentant en épargne collective inscrit auprès de MICA Capital inc.
«Combien ai-je besoin d’épargne pour ma retraite?». C’est la question que tous les futurs retraités se posent, mais à laquelle aucun n’obtient la même réponse. Une analyse personnalisée est essentielle.
Il faut d’abord déterminer le coût de vie annuel à la retraite. Certaines méthodes connues (ex. : 70% des revenus bruts) peuvent constituer un point de départ. Cependant, un budget détaillé permet une meilleure personnalisation en ventilant les dépenses et en identifiant celles qui pourraient fluctuer à la retraite (ex. : remboursement d’un prêt, remplacement de la voiture).
Maintenant, bien que la nature des dépenses risque d’évoluer au fil de la retraite, cela ne signifie pas que le besoin global des retraités va diminuer. Les dépenses de loisirs pourraient diminuer (ex. : voyages, sport), mais celles liées aux soins de santé et aux imprévus pourraient augmenter de façon parallèle. Il est essentiel de ne pas sous-estimer les besoins futurs en se focalisant uniquement sur la première phase de la retraite.
Il serait donc imprudent de miser sur une diminution éventuelle des besoins de nos retraités à partir d’un âge spécifique dans le futur, d’autant plus que cet exercice serait hasardeux et hypothétique. Il est préférable de conserver le même coût de vie tout au long de la retraite, même si cela implique de le surestimer certaines années.
Il est crucial d’ajuster ce coût de vie annuel à l’inflation pour maintenir le pouvoir d’achat. L’Institut de planification financière (IPF) recommande une indexation annuelle de 2,1% dans ses normes d’hypothèses de projection pour 2024.
Ensuite, quelle espérance de vie utilisons-nous? Selon l’IPF, une projection où la probabilité de survie n’excède pas 25% est recommandée. Pour nos partenaires qui auront 60 ans cette année, cela signifie 94 ans pour un homme, et 96 ans pour une femme.
Un bilan détaillé des actifs et des passifs du couple est aussi important dans le cadre d’une planification de retraite. Quels sont les placements disponibles au-delà des REER? Y’a-t-il des actifs liquidables en cas de besoin (ex. : résidence secondaire ou résidence principale pour ensuite déménager à loyer)? Quelles dettes disparaîtront au cours de la retraite?
L’analyse des revenus viagers (ex. : RRQ, PSV, régimes de retraite) est également essentielle. Pour la RRQ, l’âge normal pour percevoir sa rente est de 65 ans, bien qu’il soit possible de la percevoir à compter de 60 ans moyennant une réduction. Mais il est également possible de repousser la prise de votre RRQ et de votre PSV à 70 ans et de bénéficier d’une bonification de vos rentes. Il y a plus de pression sur les placements durant les premières années de retraite, mais on bénéficie de revenus viagers plus élevés par la suite. Ce scénario pourrait être envisagé pour nos deux partenaires.
Enfin, il faut déterminer une projection de rendement pour les placements. Séraphin utilise un rendement de 4%, ce qui semble approprié pour des placements équilibrés (mélange d’actions et de revenus fixes). Si le couple a une faible tolérance au risque et préfère des produits sans risque (ex. : CPG), un rendement de 4% est trop ambitieux et doit être revu à la baisse.
En conclusion, la planification de retraite ne s’improvise pas. En tenant compte de tous les aspects, vous pouvez construire une stratégie financière solide qui vous permettra de profiter pleinement de vos années de retraite. N’hésitez pas à consulter un planificateur financier qui prendra en considération tous les facteurs applicables à votre situation. Avec une bonne planification et une révision régulière, vous pouvez envisager l’avenir avec sérénité et confiance.
Vous avez d’autres questions de finances personnelles? Allez les poser à Sérafin et, qui sait, vos interrogations seront peut-être publiées ici!
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