L’incubateur Mycélium a accompagné plus d’une centaine d’entreprises depuis 2019. (Photo: courtoisie)
AGRI-AGRO. Commercialiser un produit santé, abordable et écoresponsable qui génère du profit constitue un véritable défi pour les entreprises agroalimentaires. Les incubateurs mobilisent des experts qui les aident à trouver un juste équilibre entre leurs objectifs d’affaires et les valeurs des consommateurs afin de créer un avenir durable pour tous.
Consacré à la transformation alimentaire, l’incubateur Mycélium a accompagné plus d’une centaine d’entreprises depuis 2019, et la demande est en croissance depuis deux ans. Lancé en collaboration avec Coop Carbone, son nouveau parcours Entreprises d’impact sensibilise les entrepreneurs aux défis du développement durable et à leur responsabilité pour générer une incidence sociale positive.
« Ce sont les incubés qui ont levé la main pour participer à un tel projet. Ça veut dire que dès la création de leur entreprise et les premières années de gestion, ils veulent implanter des normes environnementales, sociales et de gouvernance dans leur entreprise, avoir des éléments de développement durable, d’économie circulaire, réduire le gaspillage alimentaire, valoriser les sous-produits. Ça fait partie de leur ADN », précise Ariane Simpson, directrice de l’accompagnement et du rayonnement à Mycélium.
Selon le Global Entrepreneurship Monitor, les valeurs environnementales sont d’ailleurs au cœur des préoccupations des générations émergentes d’entrepreneurs.
Viser des objectifs réalistes
Selon des données recueillies par le MAPAQ, le secteur bioalimentaire du Québec a généré plus de 19 % des émissions de GES du Québec en 2019. Les entreprises présentes dans le secteur de la transformation alimentaire sont conscientes de cette réalité et de la nécessité d’adopter des pratiques plus durables.
L’accompagnement offert par les incubateurs leur permet d’évaluer différentes avenues pour diriger leurs efforts dans la bonne direction : privilégier un approvisionnement local, choisir un emballage écoresponsable ou utiliser judicieusement les ingrédients de deuxième et troisième transformation.
Par exemple, vouloir offrir son produit dans un plat compostable ou l’accompagner d’ustensiles en bois peut bien paraître aux yeux des consommateurs, mais la réalité fait en sorte que le matériel ne sera peut-être pas accepté dans les bacs résidentiels ou les centres de tri. « On va les amener à prendre la bonne décision et pas juste une décision marketing ou parce que ça paraît bien », indique Ariane Simpson.
De nouvelles normes dans l’industrie agroalimentaire ajoutent toutefois des contraintes pour l’atteinte de ses objectifs en matière de développement durable, que ce soit l’augmentation des redevances sur l’eau ou les règles d’étiquetage qui entreront en vigueur en 2026 pour les aliments qui contiennent plus de 15 % de matières grasses, de sucre ou de sel.
Des incubés visionnaires
Kassy Daigle-Dubé a approché Mycélium pour développer son premier produit alimentaire. En un an, elle a réussi à lancer Simplement Kosy et à mettre en marché un concentré de bouillon à fondue dans une poche à bec refermable et écoresponsable. Cette solution, qui diminue ses coûts de production et son empreinte écologique, a été réfléchie avec la collaboration du réseau de l’incubateur.
Sa participation dans le parcours Entreprises d’impact lui permettra de pousser ses pratiques durables encore plus loin. Elle vise un emballage entièrement fait de matériaux recyclables et poursuit ses démarches pour avoir sa propre usine de transformation de produits à partir de résidus alimentaires.
Alors qu’il terminait sa maîtrise avec une idée d’entreprise, Laurent Dallaire est devenu un incubé à AG-Bio Centre en 2017. Il a développé une solution antimicrobienne pour la chaîne de transformation alimentaire qui permet de réduire les pertes et le gaspillage. Aujourd’hui, Laboratoire Innodal gère sa propre usine de production, commercialise à l’échelle du Canada et est en attente de la décision de la Food and Drug Administration pour percer le marché aux États-Unis.
Le parcours d’incubation a aidé le président et cofondateur à bâtir les fondations de l’entreprise et à bien valoriser sa démarche. « C’est une chose de dire que je fais du développement durable et que j’ai de belles valeurs. Ce sont de belles paroles, mais il faut que cela se traduise en gain pour ton client », confie Laurent Dallaire. Dans son cas, une analyse du cycle de vie a confirmé la réduction de l’impact environnemental de sa technologie par rapport à la compétition.
« Aujourd’hui, la question de la responsabilité sociale, incluant l’aspect environnemental et climatique, tous ces éléments doivent être considérés par chaque entreprise dans une perspective de chaîne de valeurs », ajoute Mathieu Vigneault, directeur général de l’incubateur AG-Bio Centre, qui accompagne des start-ups à lancer leurs solutions innovantes en biotechnologie, en agroalimentaire et en technologies vertes. « C’est encourageant de voir les modèles d’affaires qui émergent aujourd’hui qui sont imprégnés de ces valeurs liées à la création de richesse partagée. »