Actions à droit de vote multiple: pour Couche-Tard, contre Bombardier

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Octobre 2016

Actions à droit de vote multiple: pour Couche-Tard, contre Bombardier

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Octobre 2016

Par Richard Guay

[Photo: 123rf]

Détenez-vous une participation dans Bombardier, Alimentation Couche-Tard, Jean Coutu ou Power Corporation ? Si oui, c'est probablement par l'intermédiaire d'actions à droit de vote «simple», puisque les actions à droit de vote multiple (10 votes par action) sont surtout détenues par les fondateurs de l'entreprise ou leur famille.

La question revient parfois. Pour un investisseur, est-il plus rentable ou moins risqué d'investir dans ces entreprises ?

Si le fondateur est visionnaire, compétent et honnête, c'est une bonne chose de lui donner plus de pouvoir et de lui octroyer des actions à droit de vote multiple qui permettent d'assurer le contrôle sur les destinées de l'entreprise. Un exemple : Alain Bouchard, qui a livré une spectaculaire performance chez Couche-Tard.

Si le dirigeant est incompétent ou, pire, malhonnête et vise plutôt à s'enrichir au détriment des «autres» investisseurs, lui donner plus de pouvoir est malsain. Deux exemples : Conrad Black (Hollinger) et Frank Stronach (Magna), qui ont utilisé leurs actions à droit de vote multiple pour s'enrichir au détriment des «autres» actionnaires. Dans des situations du genre, les actions à droit de vote multiple sont néfastes pour la pérennité de l'entreprise et, surtout, pour les petits actionnaires.

Comment décider d'investir

Par analogie, considérons un premier ministre. S'il est compétent et honnête, lui donner plus de pouvoir serait préférable afin de faciliter l'implantation de bonnes décisions. Il vaut mieux éviter que l'opposition ne mette inutilement des «bâtons dans les roues» ou que l'opinion publique n'impose une «vision à court terme». Par contre, si le premier ministre est incompétent ou malhonnête, moins de pouvoir est préférable. Plusieurs instances dirigeantes sont alors plus indiquées pour l'empêcher de mettre en oeuvre de mauvaises mesures.

Comment savoir ou quand décider s'il faut investir dans des entreprises contrôlées par des actions à vote multiple ?

Avant d'entrer au capital d'une société, les actionnaires devraient chercher à répondre à certaines questions. Est-ce que le fondateur (ou sa famille) sera dans les prochaines années un président dévoué et compétent ? Si jamais il prend sa retraite, sait-on s'il vendra ou à qui il transmettra ses actions à droit de vote multiple ? Cette personne sera-t-elle à son tour compétente, dévouée et honnête ?

Il est difficile de prévoir l'avenir, mais il existe un risque que les actionnaires ne peuvent ignorer. Dans le doute, ou en l'absence de précisions, les résultats de l'entreprise dans les 10 dernières années pourront servir de guide décisionnel.

Pour une entreprise qui a dégagé de solides bénéfices et une belle croissance depuis 10 ans, je voterais oui. En pariant que le fondateur voudra que la compétence et le dévouement en place persistent.

Comme investisseur, je dirais oui à Alain Bouchard pour des actions à droit de vote multiple tant que l'entreprise affiche une belle croissance des bénéfices sur 10 ans. Pas de chèque en blanc, toutefois. Si la performance à long terme n'est plus au rendez-vous, les actions à droit de vote multiple devront éventuellement être réduites à «une action, un vote».

En ce qui concerne une entreprise qui déçoit sur toute une décennie, je dirais non à un investissement. En effet, le fondateur d'une entreprise (ou sa famille), dont la valeur a baissé sur 10 ans ou dont les bénéfices sont décevants depuis plusieurs années, ne mérite pas le pouvoir accru des actions à vote multiple. Dans un tel cas, tous les actionnaires doivent avoir le droit de s'exprimer (une action, un vote) pour exiger des changements à la stratégie ou à la direction de l'entreprise. C'est malheureusement le cas de Bombardier. Les actions à vote multiple ne devraient pas permettre à des familles de maintenir leur pouvoir sur des entreprises non performantes sans que la majorité des investisseurs le souhaitent. Je dirais que, dans la situation actuelle, Bombardier est probablement un mauvais investissement. L'existence des actions à droit de vote multiple a, depuis au moins 10 ans, augmenté le risque pour les petits investisseurs et dégagé un rendement décevant.

Je précise ici que la situation d'une entreprise contrôlée par des actions à droit de vote multiple est très différente de celle où le fondateur détient le contrôle par la possession de la très grande majorité des actions et du capital investi. Dans ce cas, il a alors une plus grande latitude à mes yeux. Il pourra par exemple nommer son fils ou sa fille à la présidence, même s'il y a de meilleurs dirigeants disponibles pour ce mandat. Il pourra aussi dilapider les fonds de l'entreprise en achetant un château en Espagne. C'est «sa» richesse, et si la performance future est décevante, c'est le fondateur et sa famille qui en subiront les conséquences.

C'est très différent si le fondateur a fait massivement appel aux investisseurs pour faire croître son entreprise. Dans ce cas, il gère les investissements d'autrui. Il a donc l'obligation d'administrer l'entreprise dans l'intérêt de tous les investisseurs. Pour mériter le pouvoir accru des actions à vote multiple, il devrait livrer une bonne performance à long terme. C'est encore plus nécessaire si l'entreprise demande l'aide de fonds publics pour être «sauvée». Dans le contexte d'une performance décevante sur plus de 10 ans et d'un appel à des fonds gouvernementaux, la famille du fondateur de Bombardier ne devrait plus détenir d'actions à droit de vote multiple. L'historique de la dernière décennie démontre que, pour les investisseurs, la détention a engendré une situation risquée et non performante.

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