«Je crois qu'une bonne proportion des acheteurs d'ORÉ jaugent mal tous les risques associés à ces titres. Après cinq ans pendant lesquels vous avez été récompensé d'avoir pris des risques, même les conseillers oublient le risque de ces titres. Et les fonds négociés en Bourse (FNB) d'ORÉ promettent une liquidité qui n'est pas présente dans les ORÉ mêmes. Le risque est que lorsque le rendement des obligations gouvernementales commencera à monter, les investisseurs oublient qu'ils ont un coussin de 450 points de base de rendement supplémentaire pour les protéger et qu'ils paniquent et liquident leurs ORÉ en masse, oubliant qu'elles rapportent du 6 % et qu'elles sont moins sensibles aux hausses de taux.»
Aucun effondrement en vue
C'est ce risque de vente de feu que craint le gourou des obligations Jeffrey Gundlach, chef des placements et fondateur de DoubleLine Capital, qui déclarait le mois dernier qu'il fallait sortir des ORÉ dès que la Fed annoncerait sa première hausse de taux.
Il a toutefois précisé le 9 juin que les probabilités que la Fed hausse son taux cette année n'étaient pas élevées. Pour cette raison, et parce qu'il n'y a pas assez d'ORÉ venant à échéance en 2015 qu'il faut rembourser, il n'y aura pas d'effondrement du marché des ORÉ cette année.
Rappelant que toute l'existence des ORÉ s'est déroulée dans un contexte de baisse à long terme des taux d'intérêt, il a montré, graphiques à l'appui, que l'écart de rendement entre les ORÉ et les obligations des gouvernements s'est élargi à l'occasion de toutes les premières hausses du taux directeur de la Fed par le passé. Lorsque cet écart grandit, les ORÉ perdent de la valeur par rapport à ces obligations. Lors de la séquence de hausses du taux commencée en 2004, il a fallu attendre un peu, mais l'écart est passé de 300 à 1900 points de base.
Biographie
Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l’industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d’années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, notamment en matière de fonds communs.