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Sans tambour ni trompette, l'Inde, dont l'économie est l'une des plus dynamiques du monde, devient un marché attrayant pour les investisseurs canadiens.
Au troisième trimestre de 2015, le PIB indien a progressé de 7,4 % par rapport à 6,9 % en Chine. En 2016, l'Inde devrait afficher une croissance de 7,5 %, loin devant la Chine à 6,3 %, prévoit le Fonds monétaire international (FMI).
À quoi tient le dynamisme de l'Inde, dont la population est de 1,3 milliard d'habitants ? Essentiellement à sa jeunesse et à son secteur de la consommation, affirme Atul Penkar, gestionnaire de portefeuille chez Birla Sun Life, quatrième société d'investissement indienne. «Ces deux facteurs stimulent et stimuleront l'économie dans les prochaines années», dit-il.
Un pays très jeune qui consomme
En Inde, l'âge médian est de 27 ans (42 ans au Canada), ce qui signifie que près de 650 millions d'Indiens ont 27 ans et moins. En outre, le secteur de la consommation représente 70 % du PIB indien, soit plus qu'au Canada (56 %).
Selon Atul Penkar, la demande est immense pour une foule de produits et services. Signe de ce dynamisme, sept multinationales indiennes figurent désormais au Fortune 500 : Indian Oil, Reliance Industries, Tata Motors, State Bank of India, Bharat Petroleum, Hindustan Petroleum et Oil and Natural Gas.
Comment investir dans ce pays pour profiter d'une telle croissance ?
Même si l'Inde abrite quelque 8 000 entreprises inscrites en Bourse, Atul Penkar suggère aux Canadiens d'y investir par l'intermédiaire de fonds communs, et ce, par une gestion active.
«Ces fonds ont des frais d'administration plus élevés, mais ils procurent en revanche de meilleurs rendements que le fonds passif», dit-il.
Par exemple, en 2015, l'Excel India Fund, l'un des trois fonds communs de Birla Sun Life, a enregistré un rendement de 14,6 %, alors que l'indice Sensex (l'indice phare de la Bourse indienne, qui regroupe 30 entreprises bien établies) en a réalisé un de 9,5 %.
L'Excel India Fund (la série A) se démarque aussi à long terme, fait-il valoir.
Depuis sa distribution au Canada à partir de 1998, il a enregistré un rendement annuel moyen de 11,6 %, comparativement à 9,7 % pour l'indice MSCI India et à 5,3 % pour l'indice S&P/TSX, selon Bloomberg.
D'après Atul Penkar, le potentiel de croissance des entreprises indiennes est intéressant. «Le ratio cours/bénéfice des entreprises est en phase avec la moyenne de 10 ans», souligne-t-il.
De 2005 à 2015, le ratio des 30 entreprises du Sensex s'est établi en moyenne à 16,52, alors qu'il est actuellement à 17,92, toujours selon Bloomberg. Cela dit, malgré son potentiel, le marché indien comporte aussi sa part de risques pour les investisseurs, affirment des analystes.
Risque : Narendra Modi pourra-t-il réformer le pays ?
Au cours des derniers mois, l'indice Sensex a reculé pour s'établir à son niveau le plus faible depuis l'arrivée au pouvoir du premier ministre Narendra Modi, en mai 2014.
«La dernière chute est liée à la liquidation d'actions sur le marché mondial, mais elle coïncide aussi avec l'atténuation de l'espoir que le gouvernement indien puisse amorcer des réformes structurelles», affirment dans une note les analystes de la firme Capital Economics.
De l'avis du FMI, le gouvernement doit notamment stimuler l'innovation et réformer l'éducation pour dynamiser le marché du travail et améliorer la productivité des entreprises. Il doit également favoriser la concurrence dans les secteurs de l'énergie et des mines, sans parler de la fiscalité, de la propriété foncière et du droit du travail.
Le taux de change constitue de plus un risque pour les investisseurs. Depuis 5 ans, le huard s'est apprécié de 6 % par rapport à la roupie indienne. Mais depuis son sommet du 3 septembre 2013, le dollar a perdu 26 %.
Un déclin qui a été favorable aux investisseurs canadiens en Inde depuis trois ans , affirme Atul Penkar. «Le déclin du dollar canadien vis-à-vis de la roupie a ajouté environ 22 % au rendement total des investisseurs canadiens dans le fonds Excel India Fund.»
Sur une période de trois ans, le fonds s'est apprécié de 19,7 %. Donc, l'effet devise a gonflé le rendement de quatre points de pourcentage.
Pour François Barrière, premier vice-président et trésorier, trésorerie corporative, à la Banque Laurentienne, la question pour un investisseur canadien est de savoir quel sera le taux de change dans l'avenir. «Lorsque les investisseurs canadiens vendront leur investissement indien dans x nombre d'années, est-ce que la valeur du dollar par rapport à la roupie sera plus haute ou plus basse qu'aujourd'hui ? Personne ne le sait...»
Enfin, le prix du pétrole représente un autre risque pour l'Inde, un pays importateur net d'énergie. Car, si le cours de l'or noir devait rebondir, cela pourrait provoquer une poussée inflationniste dans l'économie indienne.
Suivez François Normand sur Twitter @francoisnormand