[Photo : Bloomberg]
Les tuiles continuent de tomber sur les actionnaires de Valeant. Après que l'aperçu de bénéfices de la direction pour l'exercice 2016 eut laminé le titre de l'entreprise, voilà que celle-ci annonce le départ de son pdg, le refus de son ancien responsable des finances de démissionner du conseil ainsi que la poursuite des vérifications sur sa comptabilité.
En l'espace d'un instant, l'action de Valeant (VRX, 29,18 $ US) a chuté de moitié, la semaine dernière, à la suite de l'annonce des prévisions financières. Par contre, le titre a rebondi de 10 %, le 21 mars, consécutivement à l'annonce du départ du grand patron, J. Michael Pearson.
Pour 2016, la direction prévoyait initialement un bénéfice par action s'établissant dans une fourchette de 13,25 à 13,75 $ US. Elle estime maintenant qu'il se situera entre 9,50 $ et 10,50 $ US.
Des analystes redoutent que le modèle de l'entreprise ne soit maintenant cassé. Elle avait l'habitude de générer de la croissance en augmentant le prix de ses médicaments. Mais Valeant pourrait bien être tombée sur la liste noire des gouvernements et des sociétés qui gèrent les achats de médicaments pour le secteur privé.
«Valeant dit qu'elle ne procédera désormais qu'avec des augmentations de prix modestes sur certains produits. Nous croyons que le dommage est déjà fait. Les sociétés de gestion des coûts de la santé semblent avoir ciblé les produits de l'entreprise pour une renégociation des prix ou un retrait de leur liste», dit Prakash Gowd, de Marchés mondiaux CIBC.
Cette incertitude quant à la force des futurs bénéfices survient alors que Valeant affiche un haut niveau d'endettement. Sa dette nette représente cinq fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, selon les nouvelles prévisions. La direction soutient que les flux de trésorerie seront suffisants pour honorer ses obligations et entend vendre des actifs pour diminuer son passif. M. Gowd croit que les actifs vendus le seront probablement avec d'importants escomptes et juge que les nouvelles prévisions laissent peu de marge de manoeuvre.
La situation de la dette est également menaçante à court terme. Valeant doit déposer en avril ses états financiers vérifiés à la SEC, sinon elle sera en défaut sur ses conventions de crédit.
CIBC ramène sa cible de 90 $ à 24 $ US. Par contre, la maison Rodman & Renshaw maintient sa recommandation d'achat du titre. L'analyste Raghuram Selvaraju juge que le principal problème de la société réside dans le manque de crédibilité auquel fait face la direction. Il pense que Valeant peut toujours compter sur des actifs de valeur. Bien qu'il reconnaisse la présence de nombreux risques, il établit son cours cible à 118 $ US.