Le Québec pâtit de grèves dans le transport, et ça coûte cher!

Publié le 06/06/2024 à 10:15

Le Québec pâtit de grèves dans le transport, et ça coûte cher!

Publié le 06/06/2024 à 10:15

"Ces nombreuses interruptions de services entraînent des conséquences directes sur les activités de nos entreprises, à commencer par leur capacité à respecter leur engagement auprès de leurs clients", dit la PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx. (Photo: La Presse canadienne)

EXPERTE INVITÉE. Ça fait maintenant sept ans que je suis présidente de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). Et je ne compte plus le nombre de grèves et de blocus dans les infrastructures de transport! Le secteur manufacturier québécois est le témoin impuissant de perturbations graves et multiples.

Dans le secteur maritime, il y a eu deux grèves majeures au port de Montréal, une grève aux ports de la Colombie-Britannique ainsi qu’une grève à la voie maritime du Saint-Laurent.

Dans le secteur ferroviaire, rappelons-nous le blocus ferroviaire autochtone, en 2019, sans parler de la grève au Canadien National (CN), en 2018.

Et pour «agrémenter» le tout, si vous me permettez l’expression, n’oublions pas les perturbations liées au blocage d’Ambassador bridge entre Windsor et Detroit, en 2022.

Et maintenant?

Trois nouvelles grèves potentielles pointent à l’horizon en 2024.

Trois!

  • Une grève au CN et au Canadian Pacifique Kansas City (CPKC).
  • Une grève des débardeurs au port de Montréal, ce qui représenterait une troisième grève en trois ans et demi!
  • Une grève des agents des services frontaliers

 

Ces grèves touchent l’ensemble des secteurs d’activité de notre économie. Dans le secteur ferroviaire, pour les manufacturiers québécois, ce sont 106,6 millions de dollars (M$) par jour en biens qui ne circuleraient pas sur les rails.

N’en jetez plus, la cour est pleine!

 

Une chance que nous sommes résilients!

Nos entreprises manufacturières québécoises font preuve d’une grande résilience pour résister aux contrecoups de ces grèves.

Cela passe par un degré de préparation et de prévention élevé afin d’atténuer au maximum les conséquences de ces arrêts de travail sur les activités manufacturières.

Nos entreprises sont donc habituées à ces interruptions. En revanche, cela ne les rend pas acceptables pour autant!

Plusieurs de nos membres ont réussi à sécuriser d’autres moyens de transport ou bien à augmenter leur stock de matière première.

Mais il y a des limites qui sont rapidement atteintes, sans parler du fait ces gestes font bondir les coûts des entreprises de manière importante.

Uniquement dans le transport, on parle d’une hausse de 25%!

Et malgré tous nos efforts, cela se traduit inévitablement par des délais et des augmentations de prix.

Et, en fin de compte, ce sont les consommateurs qui en paient le prix.

 

L’incertitude nuit aux investissements

Il va sans dire que ces nombreuses interruptions de services entraînent des conséquences directes sur les activités de nos entreprises, à commencer par leur capacité à respecter leur engagement auprès de leurs clients.

Malheureusement, cette situation affecte tôt ou tard la réputation des entreprises auprès de leurs clients. Et, à une plus grande échelle, l’image globale de notre économie en pâtit également auprès des investisseurs étrangers.

À ce sujet, selon les données obtenues en mai 2024 auprès de nos membres, 72,8 % des entreprises jugent que les grèves à répétition ont exercé une influence négative sur l’opinion des investisseurs étrangers concernant le Canada.

 

Nous sommes doublement pris en otage

Notre industrie est doublement prise en otage.

Premièrement, parce que les manufacturiers québécois souffrent de ces arrêts de travail à répétition sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. Nous ne sommes pas à la table de négociation, mais ce sont nos produits, nos conteneurs et nos ressources qui sont pris au piège.

Deuxièmement, rien ne présage une action de la part des décideurs publics. En effet, le gouvernement de Justin Trudeau, dans sa situation minoritaire actuelle, est paralysé dans ses moyens d’action et sa capacité de trouver une voie de sortie.

 

Une solution est pourtant à portée de main

La menace d’une grève dans le secteur ferroviaire génère une forte incertitude. Aussi, nous demandons à l’ensemble des acteurs, y compris à Ottawa, de tout faire en sorte d’éviter une telle crise.

C’est dans cette logique que nous demandons au gouvernement fédéral d’agir et de mettre en place une solution qui est pourtant à portée de main.

Il s’agirait d’une législation qui permettrait à Ottawa d’imposer un arbitrage pour résoudre ces conflits de façon impartiale et non partisane.

Ce serait donc un pas vers une solution équitable pour toutes les parties.

 

À propos de ce blogue

Véronique Proulx est PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) et vice-présidente principale, Politiques et Affaires publiques, pour la maison-mère, Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC). Depuis son arrivée en 2017, MEQ et MEC sont devenus des voix influentes pour les entreprises manufacturières sur les scènes québécoise et canadienne. Véronique Proulx possède une longue feuille de route en entrepreneuriat et une solide expertise du milieu de l’exportation et de l’économie manufacturière québécoise. Elle a notamment œuvré pendant 14 ans au sein de Laval Technopole. Mme Proulx est administratrice au sein du conseil d’administration de INO et de Palette Skills. Véronique Proulx a été nommée dans le prestigieux Top 100 2021 des femmes les plus influentes au Canada du Women’s Executive Network (WXN), dans la catégorie Prix des leaders émergentes Mercedes-Benz. Elle est détentrice d’un MBA exécutif de l’université Paris-Dauphine et de l’UQAM.

Véronique Proulx
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