Les FNB indiciels sont un excellent véhicule pour limiter les frais et les impôts. [Photo: 123RF]
Avez-vous des investissements boursiers dans un compte non enregistré (hors REER et CELI) ? Cette chronique est pour vous.
En appliquant quelques trucs simples, vous pouvez bonifier la valeur de votre portefeuille après impôt. Sur 10 ans, l'impact peut être énorme. Les trucs sont simples. Le défi est de discipliner nos émotions lorsqu'il s'agit de vendre ou pas.
Je m'explique.
Le meilleur truc pour réduire son impôt est de reporter le plus possible le gain en capital sur son placement. Une erreur fréquente des investisseurs est de vendre trop tôt un placement qui va bien. C'est prouvé. Nous avons une belle émotion lorsqu'on vend un titre et on se dit « Wow, je viens de réaliser un beau gain ! » Pourtant, les études montrent que la plupart du temps, c'est une mauvaise décision. Pourquoi ? Pour deux raisons. D'une part, c'est que souvent, le titre poursuit sa montée. Un effet de momentum dont on ne profite plus si on a vendu. D'autre part, notre décision de vendre fait mal puisqu'on réalise un gain en capital qui augmentera nos impôts à payer pour l'année.
Et si j'ai un autre titre qui a chuté, que faire ?
Le plus souvent on se dira « Pas question de vendre à perte ! » Cette émotion est normale, mais c'est une autre erreur fréquente qui pénalise la valeur du portefeuille après impôt.
Vendre un titre à perte peut permettre de réduire vos impôts de l'année. C'est peut-être la chose à faire. Mais vous ne voulez pas vendre, car vous croyez qu'il va remonter. Un deuxième truc consiste à le vendre et à le racheter 31 jours plus tard. Vous aurez alors droit de déclarer une perte pour l'année.
Certains diront : oui, mais il peut remonter la semaine prochaine. Plus rare, mais possible. Ce qui nous permet de proposer, pour certains cas, un troisième truc. Le jour même de la vente, vous pourriez peut-être acheter un titre substitut et corrélé. Par exemple, si vous détenez le titre XIU (indice TSX60) et que son prix a chuté, vous pourriez le vendre pour acheter immédiatement le XIC (indice TSE). Les rendements entre le XIU et le XIC sont similaires et corrélés à plus de 90 %. L'achat de XIC procurera un rendement futur similaire au XIU et la vente des XIU à perte permettra de réaliser une perte qui réduira vos impôts de l'année.
Limiter impôt et frais de gestion
Il peut être payant, à long terme, d'utiliser ces trucs et nul besoin d'être un Warren Buffett de la finance pour en tirer profit. À quel point est-ce payant ? En limitant les impôts et les frais de gestion, la valeur après impôt d'un portefeuille augmente en moyenne de 30 % sur dix ans, selon une étude récemment publiée dans le Journal of Portfolio Management.
L'étude porte sur 25 ans et s'appuie sur les résultats de 4 000 fonds communs et fonds négociés en bourse (FNB) du marché américain.
Le rendement avant impôt de l'indice S&P500 a été de 9,7 % ces 25 dernières années. Pour l'ensemble de tous les fonds, le rendement moyen après impôt a été de 7,0 %. Ainsi, les frais de gestion et l'impôt ont représenté en moyenne une baisse de rendement annuel de 2,7 %. Notons que les fonds communs en gestion active (plus de 3 700 fonds) sont les plus décevants, affichant un rendement annuel après frais et impôt de 6,7 %. Quant aux fonds en gestion passive (plus de 330 fonds), ils ont dégagé 8,7 %. C'est la catégorie des FNB (plus de 350) qui est en tête, avec un rendement après frais et impôt de 9,3 %.
L'écart entre le rendement moyen de 6,7 % pour la gestion active et de 9,3 % pour les FNB est énorme. Sur dix ans, cela signifie qu'un 100 000 $ investi dans la gestion active atteint un peu plus de 191 000 $ en moyenne. Le même 100 000 $ investi dans les FNB aurait affiché une valeur après impôt dépassant les 243 000 $. C'est près de 27 % de plus. Et sur 30 ans c'est le double.
Évidemment, une bonne partie de la supériorité de la performance des FNB s'explique par leurs faibles frais de gestion. Les FNB ont des frais moyens de 0,4 % alors que la gestion active coûte en moyenne 1,9 %. Les FNB sont cependant aussi beaucoup plus avantageux fiscalement puisqu'ils ont des stratégies qui nécessitent généralement peu de transactions. S'il n'y a pas de transaction, il n'y a pas de réalisation de gain en capital et l'impôt est reporté.
En gestion active, c'est plutôt l'inverse. Il y a beaucoup plus de transactions. Des gains sont cristallisés et l'impôt de l'année courante augmente. Cela se répète d'une année à l'autre. C'est encore pire si le fonds commun subit des sorties de fonds massives. Le gestionnaire est alors dans l'obligation de liquider ses titres et de réaliser des gains en capitaux pour tous les investisseurs du fonds, incluant ceux qui demeurent investis. En effet, même si vous ne vendez pas vos unités de ce fonds commun, vous recevrez un relevé fiscal pour les gains liés aux titres vendus au sein du fonds par le gestionnaire. Vous aurez alors de l'impôt à payer dans l'année, même si vous n'avez pas vendu vos unités. Il y a très peu de gains sur un FNB pour l'investisseur qui ne vend pas. Et lorsque le gestionnaire doit réduire la taille du FNB, ce sont des titres qui sont retirés pour être ensuite vendus dans un compte séparé. Contrairement aux fonds communs, les investisseurs qui demeurent investis dans leur FNB ne sont pas pénalisés fiscalement lorsque le gestionnaire réduit la taille.
En conclusion
Les FNB indiciels sont un excellent véhicule pour limiter les frais et les impôts. Depuis 25 ans, ils ont dégagé un rendement annuel moyen après frais et impôt de 2,6 % supérieur à celui des fonds communs en gestion active. L'écart est énorme. Si vous préférez tout de même la gestion active, il est préférable d'éviter les fonds qui réalisent trop vite les gains. Ce sont les fonds dont le gestionnaire exécute beaucoup de transactions de même que les fonds en décroissance. Ils coûtent beaucoup plus cher en impôt. Si vous gérez vous-même vos titres, rappelez-vous des deux trucs principaux : ne vendez pas trop vite vos titres gagnants et réalisez vos pertes. C'est très avantageux pour votre rendement après impôt.