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La concurrence féroce de géants comme Walmart et Costco dans le secteur alimentaire devrait davantage préoccuper les épiciers canadiens que leur retard manifeste en matière de commerce électronique.
C'est l'avis exprimé la semaine dernière par Peter Sklar, analyste de BMO Marchés des capitaux, au terme d'une étude portant sur l'état du commerce électronique dans le secteur de l'alimentation. Actuellement, les achats d'aliments en ligne au Canada représentent moins de 1 % du total des ventes d'aliments au pays, par rapport à 3 % aux États-Unis et 4 % en Grande-Bretagne.
Bien qu'il juge cette situation préoccupante, l'analyste soutient que l'expansion rapide de Walmart et Costco dans le secteur de l'alimentation constitue «un problème de concurrence plus pressant pour les épiciers traditionnels que la menace que semble constituer pour eux le commerce électronique, du moins à court ou à moyen terme». Ces deux chaînes accaparent chacune 10 % des parts de marché des ventes au détail dans l'alimentation au Canada.
Cet avis tranche net avec celui des analyses qui émanent de l'industrie électronique. En effet, ceux-ci déplorent depuis des années le manque d'enthousiasme apparent des détaillants d'alimentation canadiens à développer de véritables solutions électroniques destinées à leurs consommateurs.
Au Canada, Sobeys semble être le groupe le plus avancé à cet égard, et il offre même des options de cueillette et de livraison à domicile pour ses clients en ligne. C'est le cas en particulier de ses enseignes IGA au Québec et Thrifty Foods en Colombie-Britannique.
Loblaw est considéré comme le deuxième groupe en la matière, suivi de loin par Metro, qui tarde toujours à offrir une plateforme transactionnelle à sa clientèle. Tout au plus, la semaine dernière, l'épicier québécois disait qu'il entreprendrait, plus tard cette année, des essais relativement au commerce électronique, sans toutefois donner plus de détails.
88 %: Près de 9 clients canadiens d'épiceries sur 10 n'ont jamais tenté d'acheter des aliments en ligne. Source : BMO Marchés des capitaux
Qu'à cela ne tienne, selon l'analyste Peter Sklar, la présence timide de Metro en matière de commerce électronique est peut-être la meilleure stratégie. Ce dernier explique que les détaillants plus avancés comme Sobeys et Loblaw, qui proposent déjà une plateforme transactionnelle, s'exposent à des frais qui augmenteront inévitablement au cours des prochaines années. Des investissements seront nécessaires pendant encore un bon moment avant que ces plateformes ne deviennent profitables.
Dans ce contexte, et compte tenu de la concurrence des Walmart et Costco, écrit M. Sklar, «peut-être que Metro, qui a essentiellement regardé le train passer sur la question du commerce électronique, évite judicieusement ces coûts jusqu'à ce qu'elle n'ait d'autre choix que de s'y mettre».
Des recettes pour accroître le trafic
L'étude de BMO confirme par ailleurs que les détaillants d'alimentation au Canada n'en sont encore qu'à leurs premiers pas au chapitre du commerce électronique. Le trafic et les ventes enregistrées sur ces sites restent négligeables.
Les sites alimentaires qui attirent le plus de trafic sont ceux qui se spécialisent dans un contenu d'information offrant des recettes, des suggestions de mets et des informations nutritionnelles. L'analyste en conclut que l'intégration de pareils contenus pourrait permettre aux détaillants d'accroître leur trafic et achats en ligne.
C'est la stratégie adoptée récemment par l'américaine FreshDirect, qui s'est associée à Foodily, une plateforme numérique spécialisée dans les idées de recettes. Cette dernière mettra sur pied une application mobile intégrant des blogues et des recettes avec des aliments disponibles chez FreshDirect.
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