Si la pandémie n'a pas été de tout repos, l'entrepreneur a su saisir les opportunités qui en ont émergé. (Photo: courtoisie)
BLOGUE INVITÉ. Après avoir eu du mal à payer son loyer, bossé comme concierge dans un hôpital de Montréal pendant 12 ans, pour ensuite lancer l’une des meilleures vodka au monde, autant dire que le parcours entrepreneurial de Nicolas Duvernois fait partie des plus inspirantes histoires canadiennes contemporaines de réussite en affaire.
Son empire des spiritueux, qui compte aujourd'hui les marques Pur Vodka, romeo's gin et Choco Crème, a commencé en 2010 lorsque sa vodka a été récompensée avant même que la première bouteille ne soit vendue. Avec plus de 80 médailles prestigieuses, elle figure parmi les vodkas premium les plus récompensées et a été désignée six fois meilleure vodka au monde.
Le fondateur a mis le pied dans l'aventure entrepreneuriale après avoir obtenu son diplôme en sciences politiques de l'Université de Montréal. En 2006, il ouvre un restaurant qui ferme près d'un mois plus tard. Si sa première expérience commerciale s'est soldée par un échec, n'en demeure pas moins que c'est à ce moment-là qu'il est tombé amoureux de l'entrepreneuriat et qu'il a découvert la popularité de la vodka.
«Je ne connaissais rien à la vodka, si ce n'est que meilleure est l'eau, meilleure est la vodka», avoue le PDG fondateur de Duvernois Esprits Créatifs.
Considérant que l'eau douce couvre un dixième du territoire de la province, il a été stupéfait d’apprendre qu'aucune entreprise québécoise ne produisait déjà de ce spiritueux le plus populaire au monde. «C'est exactement à ce moment-là que je me suis dit : “Je vais être le premier”», se remémore-t-il.
Après quatre années passées à travailler tous les jours à l'hôpital Ste-Justine, puis à passer de longues nuits à s'instruire sur l'industrie de l'alcool, Nicolas Duvernois a eu l'idée de redéfinir la façon dont les Nord-Américains consomment ce spiritueux.
Saisir les opportunités
«J’ai pu me faire une place dans l'industrie parce que j'ai vite réalisé que toutes les vodkas se servaient en cocktails, souligne-t-il. C’est un excellent spiritueux qui ne devrait pas uniquement être fait pour être mélangé. C'est ainsi que j'ai trouvé le nom, et ce fut mon approche pendant les deux premières années.»
La soif de créativité du Montréalais et sa volonté de diversifier ses produits ont mené au lancement de romeo's gin en 2015. Pour «démocratiser l'art», chacune des éditions de ses bouteilles est agrémentée de créations d'artistes urbains. Elle est aujourd'hui la marque de gin la plus vendue à la Société des alcools du Québec (SAQ), avec des ventes dépassant 21 millions de dollars l'année dernière.
Plus tôt cette année, la romeo's gin a lancé une gamme de cocktails non alcoolisés prêts-à-boire pour répondre à la demande croissante des consommateurs pour des breuvages à faible teneur en alcool et sans alcool, ainsi que pour pénétrer le marché des épiceries. Cette expansion fait suite au récent investissement de Nicolas Duvernois dans la microbrasserie BockAle, qui se spécialise dans la bière sans alcool.
«Offrir une expérience accessible et inclusive, peu importe le moment, peu importe le choix, est une source de grande fierté pour moi, a-t-il déclaré dans un communiqué de presse. Non seulement nous pourrons proposer nos délicieux produits à une nouvelle clientèle, mais nous pourrons aussi désormais offrir à nos consommateurs fidèles une version sans alcool de leurs cocktails prêts-à-boire préférés! »
Les différents produits de Duvernois Esprits Créatifs, qui sont déjà vendus à travers le Québec, le Japon, la France, la Belgique et la Grande-Bretagne, pourraient bien se retrouver sur le marché américain en 2022.
«Nos produits sont des causes avant d’être des produits, affirme-t-il. Pur Vodka concerne la qualité de l'eau [locale], mais aussi la qualité du produit. Romeo's Gin, c'est l'art urbain, et c'est international.»
L'épreuve pandémique
Si l'entreprise est parvenue à éviter de graves conséquences dues à la pandémie de COVID-19, l’entrepreneur dit avoir trouvé difficile de conserver une routine saine tout en travaillant à distance.
«Nous avons perdu sur certains produits, mais gagné sur d'autres », a-t-il déclaré. « Du côté de l'esprit, c'était presque comme si rien n'avait changé. Du côté du leadership, c'était assez difficile parce que le travail à domicile n'est pas fait pour moi. »
L'entreprise a lancé MAINFORTE, une gamme de produits de nettoyage et de désinfection certifiés, et a vendu pour plus de 5 millions de dollars de désinfectants pour les mains, indique-t-il.
«On est toujours sous pression quand on est entrepreneur, mais là, c'était un hôpital qui appelait, et ils avaient besoin [de produits] pour hier, ajoute Nicolas Duvernois. C’était beaucoup de travail sous pression, mais je suis super fier de ce que nous avons fait ».
Après avoir mené des recherches sérieuses, il a rassemblé les trucs et astuces qu'il a appris des experts pour publier Réussir son télétravail!, un guide pratique destiné à ceux qui souhaitent s'adapter avec succès au télétravail.
Son principal enjeu? Apprendre à s'autogérer.
«Les leaders mettent tellement l'accent et la pression sur eux-mêmes pour être bienveillants envers leur équipe, mais ils oublient souvent d'être bienveillants aussi envers eux-mêmes, rappelle-t-il. Vous ne pouvez pas être un leader si vous n'avez pas une approche humaine. Ce n'est pas que nous ne nous attendons pas à ce que tout le monde travaille dur, mais il s'agit de donner les outils, la direction et l'exemple de la façon dont nous voulons développer notre entreprise »
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur agrégé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est étudiante en journalisme à l’Université Concordia.