[Photo : Shutterstock]
CAE est-elle une entreprise de l'aéronautique, de la santé, de la défense, des mines ou de ces quatre secteurs à la fois ? Aucune de ces réponses, selon Suzanne Fortier. «CAE, c'est une entreprise de la quatrième révolution industrielle», estime la principale et vice-chancelière de l'Université McGill.
Une entreprise qui intègre l'intelligence artificielle à toutes ses activités. Une entreprise comme il nous en faudra plus.
Vous vous rappelez le forum de Davos, au début de l'année ? La quatrième révolution était sur toutes les lèvres. Après la machine à vapeur, l'électricité et les ordinateurs, c'était au tour des robots de métamorphoser l'économie. À l'instar de CAE, «il va falloir beaucoup de souplesse, beaucoup d'agilité pour faire le saut dans ce nouveau monde qui s'offre à nous», a averti Suzanne Fortier, qui participait la semaine dernière à un panel de discussion au sujet de cette révolution, organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal.
A-t-on ce qu'il faut ici au Québec ? C'était un lunch en bonne compagnie, par un beau mercredi de printemps ; on n'allait quand même pas gâcher la bonne humeur en répondant non. «Le talent est là. Nous avons une économie très diversifiée, sur le plan créatif mais aussi industriel. Et contrairement à [ce qui se passait] il y a 10 ans, les ressources dont les entrepreneurs ont besoin pour créer de grandes entreprises sont ici. Tout est là pour saisir cette occasion», a résumé Jean-Sébastien Cournoyer, cofondateur et associé du fonds Real Ventures.
Bien. Alors on fonce ? Pas si vite !
«L'élément le plus complexe à assimiler [pour notre économie], c'est l'accélération des changements et leur intégration», a expliqué Monique Leroux, nouvelle présidente du CA d'Investissement Québec. On est créatif, on innove, mais quand vient le temps d'implanter l'innovation dans l'exploitation quotidienne, ça coince. Particulièrement dans les PME, a insisté Jean-Sébastien Cournoyer.
Cette lucidité, vous la retrouverez dans les propos échangés par les grands dirigeants du secteur financier que nous avons réunis pour parler d'économie. Le Québec regorge d'atouts, mais l'implantation, l'exécution diraient d'autres, reste inégale. Sans perdre notre salutaire optimisme, il faut mettre nos lunettes vraies, par opposition aux roses, et faire face à la réalité.
«Les ruptures peuvent être l'occasion de faire des choses fantastiques, mais ce ne sera pas facile, a reconnu Suzanne Fortier. Ça nous demandera beaucoup de vision.» La formule est mesurée, mais l'appel est sans équivoque.
Julie Cailliau
Chef de publication
Groupe Les Affaires
julie.cailliau@tc.tc
Suivez Julie Cailliau sur Twitter @julie140c