Source: JLR
BLOGUE INVITÉ. Avec la pandémie, plusieurs s’attendaient à l’hécatombe dans le marché de la copropriété sur l’île de Montréal, mais celui-ci a plutôt rebondi avec vigueur.
Après un ralentissement marqué au printemps, le marché a connu une forte reprise à la fin de l’été et à l’automne. Au final, le nombre de transactions a reculé en 2020 de 4% relativement à 2019, mais les prix eux ont continué de grimper et la croissance s’est même accélérée. Le faible nombre de propriétés à vendre au début de la crise sanitaire et le nombre limité de nouveaux condos arrivés sur le marché comparé à la moyenne historique des 10 dernières années ont contribué à la hausse des prix.
Pour les statistiques ci-présentes, l’analyse est concentrée sur les reventes seulement et les copropriétés neuves ont été exclues.
Le prix médian au pied carré des unités revendues dans l’agglomération de Montréal a grimpé de 14 % pour s'élever à 436 $ selon les données colligées par JLR, société d'Equifax à partir du Registre foncier du Québec. La croissance s’est accélérée au cours des dernières années et atteint maintenant des sommets. Les hausses par rapport à l’année précédente étaient de 8% en 2019 et de 7% en 2018 alors qu’au milieu de la dernière décennie le prix stagnait et les ménages avaient de la difficulté à se départir de leur condo.
Évolution du prix médian au pied carré – île de Montréal
Source : JLR
Chaque secteur à sa réalité
Westmount trône au sommet des secteurs les plus chers de l’agglomération à 617$/pi2, suivi par Sud-Ouest à 597$/pi2 et par Ville-Marie à 567$/pi2. Les arrondissements situés au deuxième et troisième rang ont connu de fortes hausses au cours des dernières années, particulièrement Sud-Ouest où le prix médian a crû de 58% en 5 ans. Par contre, la croissance en 2020 a été plus faible dans ces arrondissements (+11% à Sud-Ouest et +9% à Ville-Marie) que dans l’ensemble de l’île puisque le centre-ville a perdu en popularité. Les prix au pied carré ont même montré du signe de baisse en fin d’année et au début de 2021 à Ville-Marie.
À l’opposé des secteurs moins prisés par le passé ont fait des gains importants. Le prix au pied carré en 2020 relativement en 2019 à Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles, l’arrondissement le moins cher de l’Île, a augmenté de 13%. Dans les dernières années, le prix stagnait dans ce secteur de telle sorte que malgré la hausse majeure de cette année, la croissance sur 5 ans n’atteint que 14%, soit le plus faible gain de tous les territoires analysés.
À surveiller en 2021
Malgré la pandémie, la demande de copropriétés sur l’île est demeurée forte et celle-ci ne semble pas s’essouffler en début d’année, sauf pour le centre-ville qui connaît plus de difficultés.
La hausse des revenus de certains ménages, l’augmentation du taux d’épargne, la baisse des taux d’intérêt et le changement dans les besoins d’habitation de plusieurs locataires ont tous favorisé la demande de condos en 2020 et continueront de le faire en 2021. Le marché pourrait néanmoins perdre de la vigueur en 2e moitié d’année, les prix devraient rester élevés, mais la croissance pourrait s’amoindrir. Ceci étant dit, la demande est susceptible de rester forte même en deuxième moitié de 2021, car un certain effet d’entraînement semble vouloir émerger, c’est-à-dire que plusieurs ménages croient devoir entrer dans le marché rapidement avant que celui-ci ne soit plus abordable ce qui les pousse à devancer leur achat de propriété.
Par contre, Ville-Marie et possiblement Sud-Ouest, dans une moindre mesure, subiront potentiellement des baisses de prix au cours de 2021. Ces arrondissements sont non seulement moins recherchés qu’avant la pandémie, mais affichent également une offre grandissante. La demande pourrait reprendre seulement en 2022 dans ces secteurs lorsque, espérons-le, la pandémie sera derrière nous et que les gens reviendront au centre-ville. Pendant ce temps, les condos situés dans les coins plus éloignés du centre-ville devraient continuer d’avoir la cote.
Le nombre de copropriétés mises en chantier dans la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal a atteint un creux depuis 2002 avec 6789 mises en chantier selon les données publiées par la SCHL. Cela limitera donc le nombre d’unités ajoutées au marché dans les deux prochaines années et renforcera la pression sur l’inventaire actuel surtout si la demande persiste. Cette conjoncture contribuera probablement aux hausses de prix. Les mises en chantiers pourraient rebondir en 2021, mais le manque d’unités en 2020 risque de maintenir un effet de rareté au cours des années à venir.
Au final, le marché de la copropriété sur l’île de Montréal dépendra, entre autres, de l’évolution de la pandémie et des mesures d’aide qui l’accompagne. Le travail à domicile aura très certainement laissé un impact sur l’attractivité des condos à proximité du centre-ville, mais celui-ci devrait être en mesure de rebondir à plus long terme lorsque la crise sanitaire s’atténuera.
Pour plus de détails sur les prix au pied carré des copropriétés dans votre secteur, vous pouvez consulter l’étude complète de JLR
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