Oui, il est possible de gérer sans avoir d'autorité hiérarchique

Publié le 03/08/2017 à 14:00

Oui, il est possible de gérer sans avoir d'autorité hiérarchique

Publié le 03/08/2017 à 14:00

Au lieu de commander, persuader... Photo: DR

La tendance est aux approches collaboratives et à la formation de «structures matricielles», qui sont en fait des équipes multifonctionnelles et multidisciplinaires.

On observe ainsi que de plus en plus de gens sont assignés à des rôles de leadership dans lesquels ils ne détiennent pas la position hiérarchique que les supérieurs détiennent habituellement pour asseoir leur autorité. Ces gens-là doivent donc faire preuve de créativité et développer des stratégies pour gagner la confiance et le respect de leurs collègues et, par la suite, réussir à mener à bien les projets qui leur sont confiés.

Prenons l’exemple de Jean, qui devait boucler un projet d’envergure au sein de l’entreprise pour laquelle il travaille. Il a reçu le mandat de collaborer avec les ressources de plusieurs départements. N’étant pas leur patron hiérarchique, il a de la difficulté à se faire respecter et à se faire prendre au sérieux par ses collègues, qui répondent avant tout aux demandes de leurs supérieurs immédiats respectifs. Du coup, les tâches requises à son projet sont relayées au bas de la pile, et Jean craint de ne pas pouvoir respecter les échéanciers prévus.

La solution? Faire en sorte que les autres aient envie de collaborer avec lui, et ce, de leur plein gré.

Jean rencontre ainsi Lucie, qui travaille aux ressources humaines. Il a besoin de sa collaboration, car il y a un volet recrutement à son projet. Lucie lui fait comprendre qu’elle est débordée et que sa patronne, Julie, lui a demandé d’accélérer la cadence dans plusieurs dossiers dont les échéanciers ont été devancés. Comme elle n’aime pas entrer en mode confrontation, elle répond à Jean qu’elle va s’y mettre dès qu’elle peut et qu’il n’a pas à s’inquiéter.

Deux jours plus tard, Jean n’a toujours rien reçu de la part de Lucie. Il rédige un courriel de suivi afin de mettre un peu de pression sur elle. N’obtenant pas de réponse après 24 heures, il retourne la confronter à son bureau. Lucie lui répond du tac au tac qu’elle est désolée, mais qu’elle n’a pas le choix de donner la priorité à certaines tâches qu détriment des autres, et qu’elle n’a pas envie de perdre son emploi juste pour lui rendre service.

Jean se trouve bien embêté par cette situation, car Lucie n’est pas la seule qui ne semble pas prendre au sérieux ses demandes. Lui qui est généralement reconnu dans l’entreprise pour sa grande rigueur professionnelle craint maintenant que l’hypothétique échec du projet jette une ombre à son tableau de chasse. Sa plus grande inquiétude, c'est que ses supérieurs se mettent à douter de ses compétences de gestionnaire de projet et que cela freine son ascension au sein de l’entreprise.

Que faire, par conséquent, pour gérer un dossier sans avoir l’autorité hiérarchique?

Jean doit mettre en pratique les comportements-clés du «vendeur-influenceur». Car, qu’on le veuille ou non, nous sommes tous des vendeurs, comme le dit l’auteur Daniel Pink dans son bestseller «To sell is human».

Voici ce que j’ai recensé comme étant les sept comportements-clés des bons vendeurs-influenceurs:

1. Écouter pour comprendre (et non pour répondre).

2. Poser davantage de questions (au lieu de multiplier les affirmations).

3. Laisser la place aux silences dans les échanges (pour laisser émerger les idées et les vrais enjeux).

4. Faire preuve d’empathie.

5. Être présent de corps et d’esprit à la conversation.

6. Tenter d'identifier le réel problème (au lieu de tenter de trouver rapidement une solution au problème énoncé).

7. Développer une réelle confiance en soi pour être en mesure de faire preuve d’humilité; et accepter que, parfois, nos idées et solutions ne soient pas retenues.

En conséquence, Jean ferait bien de changer d'attitude envers Lucie, par exemple en faisant preuve d’empathie. Il pourrait retourner la voir à son bureau et discuter calmement avec elle, ou encore l’inviter à luncher afin de prendre le temps d’écouter ses préoccupations. De cette façon, un lien de confiance sera plus facile à créer, et il aura plus de chances que Lucie ait envie de lui accorder du temps.

Par ailleurs, comme c’est la première fois que Jean assume une responsabilité d'une telle envergure, il se sent très nerveux. Son réflexe est dès lors de s’endurcir et de projeter l'image de quelqu'un sûr de lui. Le hic, c'est que ça refroidit ses collègues, qui ont l’impression qu’il tente de les contrôler en dépit du fait qu’il n’en a pas le pouvoir. Jean aurait donc tout intérêt à gérer son stress autrement, et à adopter un comportement non-verbal plus chaleureux et accueillant lorsqu’il aborde les autres.

Bon joueur, Jean a effectivement appliqué ces stratégies-là auprès de ses équipes, ce qui lui a bel et bien permis de mener son projet à terme, tout en respectant les échéanciers.

Bref, en faisant preuve d’humilité et d’introspection, il est toujours possible de trouver une solution.

 

À propos de ce blogue

Vous faites face à des défis complexes ? Geneviève Desautels dévoile ici des cas réels auxquels des dirigeants ont été exposés. Et puisqu’il y a toujours une solution, la saine distance et l’expertise de la consultante, coach certifiée, présidente d'Amplio Stratégies, illuxi et Examen Dux, éclaireront votre prise de décision.

Geneviève Desautels

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