Fini les messages du style «Utilisez votre fonds de retraite pour acheter du bitcoin»? (Photomontage)
Le plus célèbre des réseaux sociaux ne fait pas dans la dentelle. Toute pub est interdite jusqu'à nouvel ordre.
Comme le plus souvent avec Facebook, c'est sans préavis. Sa décision tombe. La loi est dure, mais c'est sa loi.
Le réseau aux 2 milliards d'utilisateurs a ainsi adopté depuis cette nuit une nouvelle politique pour les campagnes publicitaires qui y sont placées. Que vous soyez un producteur de «fake news» à la solde du Kremlin ou un groupe média à la déontologie plus robuste que les finances.
Au 29e point des nouveaux commandements de Facebook (que l'équipe de traduction n'a pas encore eu le temps d'adapter en français à l'heure d'écrire ces lignes), le tour de vis s'attaque directement au sujet le plus branlant du moment en termes de régulation: les cryptomonnaies.
Les conditions d'utilisation interdisent désormais spécifiquement les publicités pour une ICO (initial coin offering) ou une devise numérique car elles «sont fréquemment associées à des pratiques trompeuses», a précisé Rob Leathern, directeur de la gestion des produits pour Facebook.
On risque alors de ne plus entendre le choeur des enfants spirituels de Nakamoto? Facebook nous cacherait-il une évolution qui le dérange?
Ou les algorithmes interviendront enfin chirurgicalement. Mettant fin aux conseils du style «Utilisez votre fonds de retraite pour acheter du bitcoin», «apprenez en plus sur cette monnaie numérique sans risque» ou «Profitez d'un rabais sur le bitcoin».
Les technologies cryptographiques ont évidemment donné un nouveau souffle aux arnaques sur internet. Fascinés par les rendements stratosphériques, les levées de fonds pharaoniques, des internautes, tantôt entrepreneurs, tantôt investisseurs, ont eu tendance à baisser leur garde.
Assez ironiquement, le responsable des produits pour Facebook dit vouloir que les membres «continuent à découvrir» les services issus du monde rêvé par les inventeurs de la blockchain.
Il reconnaît que les modifications réglementaires s'encombrent de peu de détails pour l'instant et assure que cette approche à la grosse louche est «intentionnelle». Facebook reviendra progressivement sur les mécanismes d'application de cette politique, à mesure que ses signaux s'amélioreront.
«Il se peut que nous ne capturions pas toutes les annonces qui devraient être supprimées dans le cadre de cette nouvelle politique et nous encourageons notre communauté à dénoncer tout contenu qui enfreint nos règles», prend soin de nuancer Rob Leathern.
Ne nous méprenons pas, l'effort de partir à la chasse aux fraudeurs reste louable. Mais on peut douter de la motivation unique de Facebook. L'entreprise doit afficher des prises de décisions musclées pour combattre les problèmes marketing qui ont dernièrement gangréné sa plateforme.
Même si cela ressemble ici à une solution de facilité, et sans sombrer dans le complot facile, l'action de Facebook (Nasdaq, FB) a repris un peu de hauteur ce mardi (+0,61% à 187 $).
Coïncidence diront certains...