Nom de Zeus! Voilà le genre de prophétie (autoréalisatrice?) qu’on apprécie car elle s’appuie sur un passé récent, accessible et compréhensible.
Viktor Shvets, analyste chez Macquarie Capital, n’y va pas par quatre chemins : «la blockchain et les cryptos sont le futur», adresse-t-il en plaidoyer à ses clients, sous forme d’une rapide leçon d’histoire.
Il recourt simplement à la révolution automobile et à l’emblématique Henry Ford, qui est souvent pris en modèle par les «enthousiastes» des devises numériques.
«Ford n’a pas inventé le moteur à explosion, la roue ou le pneu. Il a fait un amalgame de technologies existantes dans un véhicule intéressant pour le consommateur», nous avait lui aussi raconté le fondateur de l’Académie Bitcoin.
Mais l’analyste de Macquarie n’emprunte pas de détours sur le génie entrepreneurial et s’en tient à une comparaison arithmétique simple: la consolidation du marché de l’automobile au XXe siècle.
Affaires qui roulent, n’amassent pas tous
Vers 1900, on dénombrait environ 2.000 constructeurs automobiles, qui produisaient quelque 10.000 véhicules à l’échelle mondiale, remémore Viktor Shvets.
Vers 1920, le nombre de constructeurs chuta considérablement, à 200, alors que les usines voyaient sortir de chaînes 2,5 millions d’automobiles.
Et dès les années 30, les fabricants de calèches et autres carrioles tirées par des chevaux avaient abandonné le créneau.
Au cours des années 1980, la consolidation se poursuivit et l’écurie automobile ne compta plus qu’une cinquantaine de constructeurs, pour des volumes dépassant dès lors les 30 millions d’unités.
Une évolution qui force les parallèles avec la tendance actuelle. «Aujourd’hui, il existe plus de 1000 cryptomonnaies et leur valeur combinée oscille entre 600 et 800 milliards $, soit à peu près 1% de l’argent en circulation dans le monde».
Est-ce que les jetons d’internet suivront la même trajectoire que la révolution automobile et, d’ici dix ans, deviendront la forme dominante des transactions et des réserves de valeur?
Bien choisir sa monture
«Si quelqu’un avait investi dans des centaines de constructeurs automobiles en 1900, cette personne aurait probablement essuyé d’énormes pertes», nuance l’expert financier.
A contrario, un placement bien senti sur des producteurs restant, après la consolidation du secteur dans les années 20, aurait généré des gains énormes sur le long terme.
On passerait presque pour un crétin en le rappelant mais voilà la différence fondamentale entre les tulipes de la Hollande d’il y a 300 ans et les cryptomonnaies.
C’est que ces dernières reposent «sur des fondations technologiques durables et évolutives, tout comme les voitures à l’aube du 20e siècle», insiste M. Shvets.
« Les cryptos sont élaborées par les mathématiques plutôt que par la fraude ou la politique »
D’ailleurs, l’analyste estime qu’«affirmer que la blockchain est une bonne chose mais pas les cryptos revient à oublier que sans des formes équilibrées de registres et de monnaies, la blockchain est un outil inutile».
Les devises digitales reflèteraient même plus fidèlement l’essence de la monnaie que nos monnaies existantes.
«Contrairement aux devises nationales, les cryptos sont élaborées par les mathématiques plutôt que par la fraude ou la politique», ponctue-il.
Pour ne retenir qu’un conseil de Macquarie, même si ces technologies doivent encore relever d’imposants défis (profondeur de marché, adoption, stockage), investir dans les cryptos promettrait des lendemains heureux. Un bon retour... sur le futur.