Village de Cacouna.
Au cours des dernières années, l'acceptabilité sociale des projets de développement économique est devenue un enjeu majeur pour les gouvernements et les promoteurs. Si on pense d'emblée à des projets énergétiques comme celui d'un port pétrolier à Cacouna qui ont généré une levée de boucliers un peu partout à travers le Québec, la plupart des projets de développement de toutes tailles doivent aujourd'hui s'assurer de l'accord des parties prenantes avant d'aller de l'avant. En entrevue, le professeur de l'ESG-UQAM, titulaire de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable et commissaire au BAPE, Corinne Gendron dresse un portrait de la situation et des meilleures pratiques.
L'état des lieux en 2016
Selon Corinne Gendron, le besoin d'acceptabilité sociale est de mieux en mieux compris par les décideurs et les promoteurs. «Il y a une dizaine d'années encore, indique-t-elle, l'opposition du public à un projet de développement était perçu comme une surprise. Aujourd'hui, même si ce n'est pas encore idéal, les décideurs et les promoteurs ont développé des outils qui leur permettent de prévoir la consultation des parties prenantes d'un territoire avant que le projet ne soit trop avancé.» Ces sujets seront explorés en profondeur lors de la conférence Acceptabilité sociale du 14 décembre prochain, présentée par les Événements Les Affaires.
La pertinence des projets : l'enjeu principal
Qu'est-ce qui doit encore être amélioré? «Les promoteurs, indique madame Gendron, consultent souvent les gens sur les modalités de leur projet, alors que c'est sur la pertinence du projet lui-même qu'ils veulent avoir voix au chapitre.» Est-ce à dire que les parties prenantes doivent être consultées avant même le démarrage du projet ? «Le projet doit être assez avancé dans l'esprit du promoteur pour pouvoir être présenté. Donc le moment idéal n'existe pas vraiment.»
«En fait, précise-t-elle, c'est sur la lecture du problème que, souvent, les parties prenantes et les décideurs ne s'entendent pas.» En effet, avant de percevoir un projet comme étant la bonne solution à un problème économique, social ou environnemental, il faut que le problème soit perçu par tous.
De l'espoir pour l'avenir : moins de passifs environnementaux et des territoires plus actifs
À une époque où le développement économique et les préoccupations environnementales sont souvent perçus comme des camps ennemis, Corinne Gendron avance des pistes de solution qui pourraient les réconcilier : «Si un promoteur fait bien ses devoirs, qu'il est en avance sur les pratiques de son secteur et s'il entre bien en conversation avec les parties prenantes, son projet pourra très certainement aller de l'avant. Les gens veulent du développement, il serait faux de croire le contraire. Mais ils veulent du développement qui ne cause pas de passif environnemental, ou qui a un impact positif sur l'environnement.» Cela peut paraître irréaliste, mais madame Gendron insiste : «Si un industriel ne tient pas compte de ça, il n'a pas saisi où la population est rendue.»
Face à une commande aussi exigeante, Corinne Gendron propose un autre modèle pour l'avenir, dans lequel les territoires émettraient leur volonté en amont. En effet, si les parties prenantes d'un territoire donné s'entendaient sur le problème et sur les pistes de solution, elles pourraient émettre des appels à projets puis s'entendre sur les modalités avec les promoteurs. Avec une plus grande responsabilité assumée par les territoires viendraient moins de dépenses par les promoteurs sur des projets dont l'avenir est incertain. Et si ce n'est pas demain la veille, c'est certes une avenue positive à explorer.
Pour plus de détails, assistez à la conférence Acceptabilité sociale qui aura lieu le 29 novembre 2017.