(Photo: 123RF)
En juin dernier, le Fonds d’investissement de Montréal (FIM) a annoncé avoir atteint la création de plus de 1000 logements communautaires dans la région montréalaise. « Cette étape importante démontre qu’il y a des solutions pour répondre aux besoins des ménages mal-logés, qu’il est possible de développer et de préserver des logements abordables à Montréal et, surtout, que le privé est capable de jouer un rôle pour y arriver», soulève l’architecte Phyllis Lambert qui a fondé le FIM en 1997. Mme Lambert participera à un panel sur le financement des logements abordables lors de la conférence Marché de l’habitation présentée par les Événements Les Affaires, le 4 décembre prochain, à Montréal.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fière ?
Phyllis Lambert : Au fil des années, nous avons réussi à mobiliser des institutions financières et d’autres investisseurs afin de financer des projets d’habitation communautaire qui ont permis de loger des milliers de ménages à faible et modeste revenu, notamment des familles. Nous sommes heureux de pouvoir compter sur des partenaires incluant le Fonds immobilier de solidarité FTQ, la Fédération des Caisses Desjardins et des caisses de son réseau, Hydro-Québec, la Fondation Chagnon, la Banque Nationale, la Fondation Bombardier et la Fondation McConnell. Au total, c’est plus de 37 M$ en capitaux privés, dont 22 M$ ont déjà été investis dans des projets. Et ce n’est pas terminé.
Que voulez-vous dire ?
P.L : Nous avons réussi à démontrer que développement social et développement économique vont de pair. Les prêts consentis ont généré entre 4% et 6% de rendement annuel. Ce modèle intéresse d’autres partenaires.
Avez-vous une formule pour inviter les plus petits investisseurs à se joindre au mouvement ?
P.L. : Solliciter les petits investisseurs nécessite une autre forme d’organisation. En attendant, nous complémentons les programmes du gouvernement. En ce moment, les coûts pour de l’immobilier et des travaux de construction augmentent très rapidement. Nous perdons ainsi plusieurs immeubles qui auraient pu et dû être maintenus dans le parc de logements abordables. Le FIM doit donc continuer son action.
Enfin, pourquoi consacrez-vous tant d’effort aux logements abordables ?
P.L : C’est une question de valeur. Où ira la société si nous ne veillons qu’à loger les plus nantis? Souvenez-vous du cas de Milton-Parc. Il y a plus de cinquante ans, le promoteur Concordia Estates avait acheté 12 îlots à l’est de l’Université McGill, formés de maisons de ville en rangée. Il en a détruit la moitié pour ériger des gratte-ciels. Les résidents ont néanmoins réussi à sauvegarder 6 îlots. Et avec le soutien d’Héritage Montréal et de l’aide financière de la SCHL, ils sont parvenus à former une communauté. On y retrouve aujourd’hui une vingtaine de coopératives d’habitation à but non lucratif comptant 135 maisons et cinq OSBL. Les résidents sont parvenus à mettre en place des logements dont les règlements empêchent, entre autres, l’embourgeoisement. On trouve une forte société qui lutte pour l’équité, et qui répond au bien-être de leur quartier.