En juillet dernier, je discutais avec deux entrepreneurs de leur projet. Tout allait bien, a priori. Oui, leur projet allait bien. Lorsque je leur ai demandé comment se passaient leurs tournois de soccer amateur, ils m’ont répondu qu’ils n’avaient plus le temps d’y aller. Ah oui? «Avec la recherche de nouveaux clients, notre dossier de financement qui vient d’être approuvé, et le quotidien de la business, nous sommes dans le jus.» Oups, attention!
Qui n’a pas déjà entendu ou vécu ce type de situation? Être happé par le quotidien, les impératifs professionnels ou familiaux, et consacrer moins (voire pas) de temps à ses loisirs. Ce sont autant le sport, que les spectacles, les voyages ou autre activité plaisante, qui sont sacrifiés. Et ce n’est pas un bon choix; il faut un équilibre.
Il y a quelque temps, face à des entrepreneurs de HEC Montréal, Louis Vachon, Président et Chef de la direction de la Banque Nationale du Canada, avait bien résumé ce besoin d’équilibre en parlant de «Go go, Wow wow». Go go, il faut y aller, avancer, voire foncer. Mais aussi Wow wow, il faut prendre du recul, ouvrir ses horizons. Il ne faut pas toujours penser à son entreprise, afin d’être moins stressé, plus productif, et aussi plus créatif, innovant.
Les loisirs servent à cela. Ils peuvent aussi mener à de nouvelles occasions. Pensez à Louis-Philippe Maurice, cofondateur de Busbud. Il a vécu un problème au cours de vacances en Amérique du Sud où « il s'est rendu compte qu'il adorait voyager en bus. Cependant, il passait trop de temps à essayer de trouver comment aller d'un point A à un point B. » Et pourquoi ne pas utiliser ce problème pour développer une entreprise et aider tous ces gens qui aimeraient voyager en bus plus simplement? L’aventure Busbud était lancée.
En plus d’être une source d’inspiration, j’irai plus loin au sujet des bénéfices que peuvent vous apporter vos loisirs: c’est une façon de développer des compétences clés pour votre vie d’entrepreneur. Prenons un exemple. Depuis un an, en partenariat avec l’École Nationale de l’Humour(ENH), des entrepreneurs inscrits au Parcours entrepreneurial Rémi-Marcoux de HEC Montréal ont la possibilité de suivre un bootcamp en improvisation.
Menées par l’ENH, les sessions génèrent des moments de rire et de plaisir, qui déconnectent pour un moment les entrepreneurs de leur projet et de leurs études. Mais, plus important à nos yeux, ces sessions développent la capacité à s’adapter, l’écoute, la prise de risques pour les entrepreneurs les moins à l’aise avec l’incertitude, etc. Que de compétences essentielles pour un entrepreneur! Robert Dutton, Président et chef de la direction de RONA pendant 20 ans, nous a soutenus et a assisté à l’activité.
Je l’ai souvent vu sourire face aux improvisations. Mais ses yeux brillaient aussi, car il y voyait les bénéfices pour les entrepreneurs: «Cela vous apprend à vous adapter à vos interlocuteurs et à sortir de vos pitchs structurés», a-t-il précisé en conclusion.
C’est sûr qu’il faut préparer des pitchs structurés à présenter aux partenaires, aux investisseurs, aux clients, etc. Mais, il faut aussi cette capacité d’empathie et de répartie. J’en profite pour glisser un merci à Robert Dutton et à Louise Richer, directrice générale fondatrice de l’ENH et son équipe, d’avoir embarqué dans cette activité.
En bref, il faut travailler dur, mais aussi prendre (pas perdre!) du temps pour se changer les idées, s’amuser. Un entrepreneur qui a du mal à déconnecter doit voir ses loisirs comme un moment d’équilibre et d’amélioration bénéfique dans TOUTES les sphères de sa vie, y compris pour sa carrière entrepreneuriale.
Je vous promets qu’une telle philosophie permet d’avancer votre projet, mais aussi d’ajouter des cordes à votre arc en tant qu’entrepreneur qui vous serviront à court et long terme. En plus, ce qui est bien, c’est qu’il y en existe pour tous les goûts: sports, musique, théâtre, voyages, humour… Et pour toutes les compétences: travail d’équipe, persévérance, développement du réseau, créativité… À vous de choisir!